Diocèses et Paroisses de l'Ancien Régime

sur le territoire des Côtes d'Armor

 

 

 

 

 

L'actuel département des Côtes d'Armor est un puzzle formé des morceaux accolés de six anciens diocèses en proportion d'ailleurs très inégale, dont les villes, les paroisses rurales et certaines de leurs trèves ont formé les communes que nous connaissons aujourd'hui. Que savons nous de ces diocèses de leurs divisions et des paroisses qui les composaient ? Souvent peu d'éléments, si ce n'est, de petites notices de différents auteurs, qui ne permettent pas de se faire une idée d'ensemble sur le rôle au point de vue temporel des évêchés et des paroisses dans l'histoire de l'ancien régime.

 

Notre étude va chercher a définir ce qu'ont été les diocèses et les paroisses avant la constitution du département de « Saint-Brieux », décret du 30 janvier 1790, puis des Côtes-du-Nord, décret du 26 février 1790, et enfin des Côtes d'Armor par décret du 27 février 1990.

 

Les Diocèses

 

 

 

Des neuf diocèses bretons, six vont constituer en partie notre département :

 

Soit au total 320 paroisses et 89 trèves, qui vont donner 379 communes en 1794, certaines trèves ayant été incorporées à leur paroisse pour former la commune, d'autres ayant élu une municipalité et devenant par là même commune . A noter que pour satisfaire l'Ille-et-Vilaine et surtout Saint-Malo, celle-ci obtiendra le rattachement de quatre paroisses outre-Rance afin de garder ses chantiers navals sur son territoire. En compensation, notre département se verra attribuer neuf paroisses à l'est de la Rance.

 

Le découpage final du département accusera la division du territoire entre un pays gallo et un pays bretonnant, créant ainsi pour longtemps une gêne aux administrateurs, enseignants et ecclésiastiques.

 

Le diocèse de Saint-Brieuc:

 

 

 

Évêché créé, dans l'état actuel des connaissances, aux environs du IXe siècle, comptait à la fin du 18ème siècle 114 paroisses et 14 trèves dont 2 paroisses sont allées au Morbihan : Bréhant-Loudéac et Saint-Samson. Le diocèse était limité au nord par la Mer de la Manche, à l'Ouest par les rivières du Leff et de l'Oust, au sud il se terminait en pointe, à l'Est par la rivière de l'Arguenon. Il était par ailleurs divisé non pas en archidiaconés, mais il avait deux Archidiacres, celui du Goëllo et celui de Penthièvre, appelé le Grand Archidiacre. Il n'y avait pas de doyennés. Ce diocèse a fourni aux Côtes-du-Nord une superficie de 2.391 km2 env.

 

Le diocèse de Tréguier:

 

 

Évêché créé, lui aussi aux environs du IXe siècle, sans qu'aucun document ne le confirme, comptait au 18ème siècle 105 paroisses et 31 trèves, dont 15 paroisses et 4 trèves, dites du « petit Trégor » sont allées au Finistère : Molaix, avec 2 paroisses, Botsorhel, Garlan, Guerlesquin, Guimaëc, Le Ponthou, Plouigneau et sa trève, Plourin et sa trève, Plouagat-Guérand et Plouagat-Moisan, Plouézoc'h, Plougasnou et Plougouven et leurs trèves et enfin Ploujean. Ce diocèse était limité au nord et à l'ouest par la mer de La Manche, à l'est par le diocèse de Saint-Brieuc, au sud par les monts d'Arrée et à l'ouest par la rivière le Queffleut. Il était divisé en deux archidiaconnés, celui de Pou-Gastel à l'ouest et celui de Tréguier à l'est, divisés pat la rivière du Léguer. Comme dans le diocèse de Saint-Brieuc, il n'y avait pas de Doyennés. Ce diocèse a fourni aux Côtes-du-Nord une surface de 1.736 km2 env. Le langage courant de ce diocèse était le breton trégorrois.

 

Le diocèse de Quimper:

 

 

 

Évêché créé au Ve siècle environ, sans aucune justification à ce jour, était pour la partie qui nous intéresse celle dite de Haute Cornouaille, et comptait pour la partie rattachée aux Côtes-du-Nord, 29 paroisses et 36 trèves, comprises dans l'archidiaconé et le doyenné de Poher. Cela représentait une surface de 1.362 km2 env. Nous en connaissons les paroisses qui intéressent notre département par une excellente étude de Jean-Louis Le Floc'h parue dans les mémoires de la Société d'Emulation en 1985 Le langage courant de ce diocèse était le breton cornouaillais.

 

Le diocèse de Saint-Malo

 

 

 

Créé, pour certains auteurs, aux alentours du VIe siècle sous le nom d'Alet, puis transféré vers 1160 sur le site actuel de Saint-Malo ; ce diocèse comptait au 18ème siècle 161 paroisses et 24 trèves dont 49 paroisses et 6 trèves sont allées aux Côtes-du-Nord, couvrant une surface de 953 km2 env. Ce diocèse était limité à l'est par la Rance et le Linon, à l'ouest par l'Arguenon et ses affluents. Il était divisé en deux Archidiaconés, celui de Dinan au nord et celui de Porhoët au sud, ceux-ci étaient eux même divisés en quatre Doyennés, dont ceux de Plumaudan et de Poudouvre dans l'Archidiaconé de Dinan et quelques paroisses du doyenné de Lannouée, qui intéressent notre département. A Saint-Malo, les deux archidiaconés sont mentionnés dès la seconde moitié du XIe siècle ; celui de Dinan, qui couvrait la zone entre la Rance et la mer, correspondait à la vieille circonscription du Poudouvre, alors que l'Archidiacre de Porhoët qui siégea plus tard à Ploërmel exerçait ses fonctions dans la région qui avait été soumise jadis à l'influence de l'abbaye de Saint-Méen.

 

Le diocèse de Dol

 

 

 

Créé vers le VIe siècle, sans qu'aucune preuve ne nous soit donnée, intéressait notre département par des paroisses dans le diocèse de Dol (6 paroisses) et surtout par des paroisses enclavées dans les diocèses de Saint-Malo (14 paroisses), de Saint-Brieuc (11 paroisses) et de Tréguier (6 paroisses).

 

 

 

 

L'ensemble représente une superficie de 356 km2 env., dont les trois quarts étaient enclavés. L'origine de ces enclaves demeure incertaine. L'hagiographie traditionnelle y voyait les vestiges de la domination culturelle que les premiers rois bretons auraient accordée à Saint Samson sur l'ensemble de la Domnonée. Hubert Guillotel a préféré reconnaître là l'ancien temporel mérovingien de l'abbaye de Dol, dont les territoires n'accédèrent que tardivement au statut paroissial, ce qui explique leurs toponymes particuliers et principalement leur faible superficie. Ainsi, enclavés dans le diocèse de Saint-Brieuc, La paroisse de Lanloup d'une superficie de 245 hectares et sa trève Lanleff, qui en est séparée par la paroisse de Pléhédel, d'une superficie de 216 hectares.

Ce diocèse qui comportait 93 paroisses et 7 trèves au 18ème siècle, était seulement divisé en 7 Doyennés, dont ceux de Bobital (27 paroisses, dont 16 sont allés aux Côtes-du-Nord), de Coëtmieux (5 paroisses), de Loguivy-les-Lannion (4 paroisses) et de Lanvollon (6 paroisses), pour les quatre doyennés qui intéressent notre département. A Dol, il n'y eut jamais qu'un seul archidiacre, bien qu'il eût juridiction sur des enclaves parfois éloignées, qui s'étendaient jusqu'à l'embouchure de la Seine (4 paroisses).

 

Nous parlerons très peu du diocèse de Vannes, créé semble-t-il au IVe siècle, il avait depuis le XIe siècle neuf divisions : 5 Territoires dont celui de Vannes et 4 doyennés, dont celui de Kermenet-Guégant où l'on trouve les trois paroisses : Lescouët-Gouarec, Mellionnec, Plélauff et la trève, Perret, de la paroisse-mère Silfiac (dans le Morbihan aujourd'hui) qui intéressent notre département. Soit une surface de 80 km2 env. Ces quatre paroisses ne semblaient pas justifier une étude particulière sur ce diocèse dont le langage courant était le vannetais.

 

 

Nomination des Evêques

 

En 1438, la Pragmatique sanction de Bourges instaure l'élection des évêques par les chanoines des chapitres cathédraux, et celles des abbés et prieurs conventuels par les religieux. Les abus entraînent le concordat de Bologne, conclu le 18 août 1516 entre François Ier et Léon X, et approuvé en décembre 1516 par le concile de Latran V. C'est désormais le Roi qui nomme les évêques et les abbés et prieurs.

 

On assistera alors au règne des évêques, abbés et prieurs commendataires. Le Pape accorde simplement son investiture canoniqueLes évêques commendataires, souvent étrangers à la Bretagne et de plus absents, ne parlent que très rarement les dialectes bretons et ne peuvent ainsi communiquer avec les fidèles, lors des visites épiscopales que chaque évêque était tenu de faire dans les paroisses tous les deux ans selon le concile de Trente.

 

Les Lieux d'asile dans les diocèses

Le droit d'asile des lieux ecclésiastiques, connu depuis l'empereur Théodose (379-395), qui régla le premier les conditions de leur franchise, fut introduit en Bretagne dès les premiers temps où apparut le christianisme et prit un développement remarquable.

 

Dans le pays breton les lieux d'asile sont connus sous le nom de minihi, évolution du latin monachia « territoire monastique » qui a donné menec'hi puis minic'hi. C'est là que l'on retrouve une grande partie de ces asiles. Les monastères bretons ont été construits dans les lieux consacrés par l'habitation et la pénitence de quelques saints personnages ; c'est ce que l'on nomme en breton le peniti. Le peniti (souvent écrit penity) d'un saint patron devint le plus souvent un lieu de refuge, de franchise, un asile pour l'innocence et le repentir, un abri contre la persécution ou la violence. Le clergé breton favorisa cette tendance tout au long du moyen-âge.

 

Ainsi, dans le diocèse de Tréguier, le minihi de saint Tugdual ou minihi de Tréguier occupait quatre lieues et demi de pays. C'était la contrée où le bienheureux avait passé la plus grande partie de sa vie. Le minihi s'étendait à tous les territoires compris dans la juridiction du régaire de cet évêché, c'est-à-dire 11 paroisses ; auxquelles il faut joindre des portions de territoires connues sous le nom de minihi. Cependant pour être admis à jouir du bénéfice de l'asile dans le minihi de Tréguier, il fallait remplir certaines formalités et se soumettre à certaines conditions.

 

Dans le diocèse de Saint-Brieuc, une charte de 1202, conserve le souvenir de l'établissement d'un minihi accordé à l'abbaye de Beauport par le comte de Goëllo, dont l'étendue embrassait toute l'île Saint Rion.

 

Les minihi possédaient de nombreux privilèges, que nous connaissons par des statuts synodaux de l'église de Tréguier au XIVe siècle ; aussi l'excès de ces prérogatives finit par porter malheur à l'existence de ces asiles et par amener leur suppression. Les Ducs de Bretagne regardaient depuis longtemps les immunités des minihi comme préjudiciables à leur autorité et firent appel au Saint-Siège pour les restreindre. Ce fut l'objet d'une mesure de Nicolas V. Mais bientôt la Bretagne fut réunie à la France, et l'ordonnance royale de Villers-Cotterêts en 1539, qui permit de rechercher les accusés jusque dans le lieu saint, sauf à les y réintégrer, s'il y avait lieu, vint effacer complètement le privilège de l'inviolabilité. Telles furent les destinées et la fin du droit d'asile de nos minihi

 

Les Régaires


Les évêques bretons occupaient en tant que seigneur temporel une place considérable dans leur évêché, et la ville épiscopale dont ils étaient seigneur évêque et comte. Ils possédaient en effet des fiefs et de ce fait une juridiction que l’on nommait le Régaire ou les Régaires, il en était de même des Chapitres de leurs cathédrales. Sous l’Ancien Régime ces biens comme tous les biens ecclésiastiques sont des biens de mainmorte, car les héritages ne changent jamais de main.


Les évêques du diocèse de Saint-Brieuc possédaient comme fief une partie de la ville de Saint-Brieuc, c’est-à-dire, tout ce qui n’appartenait pas au chapitre ; ils étaient seigneurs suzerains des paroisses de Saint-Michel, seule paroisse de la ville, des paroisses de Ploufragan, de Trégueux, de Langueux et de la plus grande partie de la paroisse de Cesson. Ce territoire avait reçu le nom de Turnegouët, parce qu’il était compris entre les rivières de l’Urne et du Gouët, Ils possédaient également Hénanbihen et Bréhand jusqu’en 1607 environ, car l’évêque de Saint-Brieuc vendit ce régaire à Olivier du Gouray, seigneur de la Coste.


Le Régaire de l’évêque de Saint-Brieucs’étendait aussi sur les Caquineries de son diocèse : soit 22 caquineries dont, celles de Saint-Brieuc, d’Erquy, du Gouray, d’Hénon, d’Hillion, de Loudéac, de Maroué, de Planguenoual, de Plédran, de Pléguien, de Pléhédel, de Plélo, de Pléneuf, de Plérin, de Plouha, de Plumieux, de Quessoy, de Quintin, de Ruca, de Trédaniel, de Trégomeur et d’Yffiniac  Voici ce qu'écrivait Mgr de Coëtlogon en 1690 au roi Louis XIV :


« Sont en certaines paroisses (de mon diocèse) Erquy, Pléneuf, Planguenoual, certaines familles de gens appelés caquins ou cordiers, lesquels sont réputés serfs d’église et demeurant en certains lieux appelés Caquinerie ou Corderie qui sont terres amorties qu’ils tiennent du seigneur évêque sans pouvoir les aliéner ni transporter à gens autres que ceux de leur race … ne doivent aucun fouage au roi … ne payent aucune rente ni devoir au seigneur évêque … mais tous ensemble doivent payer une rente de 20 l. audit évêque …
Et d’autant qu’ils sont tous cordiers ils doivent au jour de la visite des paroisses où ils demeurent, chaque ménage fournir un licol de corde pour servir aux chevaux des visiteurs …
Auquel lieu lesdits caquins ont des cimetières séparés des paroissiens et dans chaque église des lieux à part pour se faire baptiser… »
(source : Le Gal La Salle – Histoire d’Erquy)


Le chapitre de la Cathédrale de Saint-Brieuc, qui avait son régaire, possédait la plus grande partie de la ville, mais n’y exerçait plus la justice depuis 1484, confirmé en 1622. Les chanoines forent reconnus indépendants de l’évêque quant au fief, mais ils se soumirent eux et leur vassaux à sa juridiction. C’est un des rares exemples de fief constitué sans juridiction.


Les évêques du diocèse de Tréguierpossédaient comme fief les paroisses et trèves de Lisle-Loy, Pouldouran, Trédarzec, sur la rive droite du Jaudy, de Berhet, Langoat, Lanvézéac, Mantallot et Le Minihy, au sud-ouest de la Ville de Tréguier, entre les deux rivières, et celles de Coatréven, Lanmérin et Trézeny, sur la rive gauche du Guindy. Ils possédaient également, le manoir de la Fougeraye-rouge, proche de Berhet mais dans la paroisse de Prat. Ils avaient aussi à l’embouchure du Leguer, en Ploulec’h, le petit territoire de Coz-Yaudet, l’ancienne Lexobie gallo-romaine, chef-lieu primitif présumé du diocèse au VIe siècle.


Le Régaire de l’évêque de Tréguier devait aussi s’étendre sur la caquineries de son diocèse dont nous ne connaissons pas actuellement la liste, malgré nos recherches.


Le chapitre de la Cathédrale de Tréguier possédait comme fief les paroisses de Plouguiel et de Plougrescant, entre le Guindy, la rivière de Tréguier, la mer et les paroisses de Penvenan et Camlez, du domaine royal de Lannion.

Les évêques du diocèse de Saint-Malopossédaient sur le territoire des Côtes-d’Armor actuel, le bailliage de Caulnes dans la paroisse du même nom, mais de peu d’importance, cependant de ce baillage :

 

« ledit évesque tient en franc regaire, avec droit de haute, basse et moyenne justice, à quatre piliers, ceps et collier, plantés … et avec institution de juges et officiers pour l’exécution de ladite justice, dont les appellations pour le civil et crimes ressortent directement audit Parlement de cette province de Bretagne. » (Déclaration de 1682)


De ce regaire dépendait aussi les maladreries, dont il est curieux de constater encore l’existence en plein XVIIe siècle :

 

« Déclare ledit évesque de Saint-Malo tenir dudit seigneur roi la totale juridiction sur certaine nation et secte de pauvres gens vulgairement appelés caquins et sur leurs villages qu’on appelle maladryes estant en plusieurs endroits et paroisses de sondit évesché, particulièrement ès paroisses de…. Ploubalay, plélan et autres. » (Décl. 1682)


Il y avait donc une caquinerie à Ploubalay.

Les évêques du diocèse de Dol avaient dans leur Régaire la seigneurie de Coêtmieux tel que nous le lisons dans la Déclaration de 1575 :


« Item appartient audit seigneur évesque la terre et s eigneurie de Coësmieux en l’évesché de Saint-Brieuc, en laquelle il y a haute, moyenne et basse justice, sénéchal, alloué, lieutenant, procureurs et greffier que le dit sieur évesque institue ; les ressorts de laquelle juridiction relèvent en matière civile par devant ledit sieur évesque ou ses officiers de Dol, et, en matière criminelle, en la Court du Parlement de ce pays ; … »
  ( Pouillé hist. Archevéché de Rennes)

Les Caquineries, les caquins, on se demande parfois à quoi correspondent ces termes qui  apparaîssent dans les textes à partir du XVème siècle, sous la forme Cacous, Caquins ou Caqueux, et est associée à ceux de ladres, de malornez, de méseaux, autant de synonymes de lépreux. La lèpre sévissait de façon endémique un peu partout, depuis les temps anciens. Mais à la suite des Croisades, de nombreux croisés et pélerins revinrent contaminés de Terre-Sainte et la France connut une très forte recrudescence du mal, en particulier au XIIème- XIIIème siècles. Dès le début de la chrétienté, le concile d'Orléans (549) avait confié aux évêques le soin des lépreux, et le concile de Lyon (583) avait ordonné la "séparation" des lépreux du reste de la population. C'est donc au clergé et à la charité publique que fut confié le soin de ces malades. Ceux-ci étaient séparés des "gens sains", au cours d'une cérémonie religieuse. Ils étaient dits "morts quant au monde". Ils devaient se retirer dans une caquinerie, revêtir une robe grise portant une marque rouge distinctive et, lorsqu'ils sortaient de la caquinerie ou maladrerie, annoncer leur passage au son d'une crécelle.


Ils étaient dispensés du fouage au roi et ne devaient qu'une taille collective à l'évêque. Par contre, ils subissaient un certain nombre de contraintes et d'interdictions : ils ne pouvaient ni louer des terres ni cultiver des produits destinés à la consommation ; ils ne pouvaient se rendre dans les marchés ni se mêler aux rassemblements de foule. S'ils étaient admis aux offices religieux, ils devaient se tenir à l'écart des autres paroissiens, au fond de l'église, près de la porte, sous les cordes des cloches. Ils ne pouvaient exercer que le métier de cordier et par la suite, durant le XVème siècle, ils furent autorisés à confectionner des mesures de bois (boisseaux) et des barattes.


 Les caquins n'étaient pas inhumés avec leurs concitoyens, mais dans leur propre cimetière attenant à la léproserie, ainsi même au milieu du XVIIe siècle le clergé essaya d’enterrer un cordier au cimetière Saint-Michel à Saint-Brieuc :

"le treiziesme jour de may mil six cent quarante et sept est décédé en la communion de la Saincte Eglise Gilles Havet, cordier, lequel après avoir été administré des saincts sacrements a été ensépulturé dans le simetiere de St Michel et du depuis, la nuit d'entre le mercredi et jeudi, déterré par la populaire comme étant de la race des caquins. Signé Jan Boujart".


Des faits similaires se sont produits à Erquy, Plérin, Planguenoual et Pléneuf. Les caquineries et les discriminations qui en résultaient  datant du Moyen-Age ne disparaîtrons définitivement qu’avec la Révolution. En effet, étaient considérés comme caquins non seulement les personnes atteintes de la lèpre (peu nombreuses depuis la fin du Moyen Age) mais également leur famille et tous leurs descendants, quand bien même ils ne présentaient aucun symptôme de la maladie dont on sait, actuellement, qu'elle est peu contagieuse.

Les regaires des évêques des diocèses ayant constitué le département des Côtes-d’Armor occupaient en temps que seigneur temporel et justicier grâce à leur juridiction des regaires une place exceptionnelle que l’on ne peut pas méconnaitre dans l’histoire de l’ancien régime.

Les Paroisses

Les paroisses primitives, leur formation et leur évolution

Dans un mémoire sur : « Recherche sur les églises primitives de l'Evêché de Saint-Brieuc et Tréguier » René Couffon,  a essayé de définir les paroisses primitives que l'on peut définir sur le territoire de notre département en fonction de leur toponymie, de leur consécration à Saint-Pierre (1) et de leur délimitation accusée. Il en conclut que l'ancien diocèse de Saint-Brieuc pouvait contenir 39 paroisses primitives. Il est à noter que nous trouvons un nombre important de fondations de paroisses au XIIe et XIIIe siècles. Pour le diocèse de Tréguier, on peut convenir de 40 paroisses primitives. Quant à la partie du diocèse de Quimper, dite « Haute Cornouaille », 13 églises au plus peuvent être primitives avec des surfaces de paroisses importantes, ce qui n'est pas pour surprendre étant donné le faible peuplement de ces régions. Sur le diocèse de Saint-Malo, intéressant le département des Côtes-du-Nord, il semble y avoir eu au plus 11 églises primitives.

 

A propos de paroisses primitives et en reprenant les conclusions de René Couffon, et si nous prenons comme base la toponymie des noms anciens, nous constatons que nous trouvons sur notre territoire des noms d'origine gallo-romaine et franque. Ces paroisses pourraient être antérieures au VIe siècle. Parmi celles-ci on dénombre par exemple les anciennes forteresses gallo-romaines comme Cesson, Hénon, Léhon ou encore des fundi gallo-romains, tels que Cadélac, Sévignac, Yffiniac ou Yvigniac. D'autres comprennent des noms avec le préfixe plou, certaines l'ayant perdu et ne gardant que l'éponyme sont de l'époque de l'organisation primitives des bretons au VIe siècle, Ploubalay, Ploubezre ou Plouézec par exemple. Les Lann, paraissent avoir existé entre le VIIIe et le XIe siècle, tels, Lanvollon ou Lannion, de cette même époque figurent les tré, mais les lok, loc ne furent semble-t-il créé qu'entre le milieu du Xe siècle et le XIIe siècle, on trouve par exemple le treff de Locyvy en la paroisse de Plougras cité en 1455.

 

En 1989, André-Yves Bourgès nous donnait dans une conférence sur les territoires entre Trieux et Leff, une proposition intéressante sur les paroisses primitives de ce territoire.

 

 

 

 

Selon cette hypothèse, il déterminait « deux territoires de superficie sensiblement équivalente, à savoir : (ou à notre avis, de même ordre de grandeur)

 

Il fait remarquer en outre que « Ploumagoar et Plouagat sont placés sous le patronage de Saint-Pierre »

.

Bien d'autres auteurs ont débattu des paroisses primitives qui sont une énigme puisque aucun texte ne vient nous éclairer sur ce sujet qui n'a pu être abordé qu'à partir d'hypothèses et qui sont lancées depuis près d'un siècle sans aboutir à une conclusion incontournable.

 

Quoiqu'il en soit, le nombre des paroisses rurales ainsi que celui des villes continua de s'accroître, non plus en raison de progrès de l'évangélisation, mais à cause de l'essor démographique et de l'élan de la mise en valeur, parfois aussi en raison de circonstances fortuites.

 

Limites de paroisses

Les paroisses étaient limitées par des fleuves côtiers pour la plupart, par des rivières, mais aussi par des ruisseaux et des chemins plus ou moins anciens qui matérialisaient les frontières entre deux paroisses. Les paroisses situées en bordure de mer étaient limitées par la mer au moins sur un coté. L'on trouve fréquemment aussi des matérialisations avec des croix érigées en bordure des chemins qui permettaient à tous de reconnaître la limite de la paroisse.

 

Pour prendre un exemple concret, nous allons étudier les limites de la paroisse de Cesson qui devint la commune de Cesson et qui fut annexée à la Ville de Saint-Brieuc en 1792.

 

 

 

 

Les limites de la paroisse avant 1790 sont au nord, la mer de la Manche, à l'ouest la rivière du Gouédic qui la partage très nettement avec Saint-Brieuc puisqu'elle coule dans une vallée profonde, à l'est nous trouvons le ruisseau du Douvenant qui la partage avec Langueux. La séparation avec Trégueux au sud, nous apparaît moins claire, car elle n'est matérialisée que par un chemin où l'on relève une croix de pierre de 1779, qui avait remplacé semble-t-il une croix de bois beaucoup plus ancienne: la croix Saint-Lambert, proche du village de Saint-Léger et qui marquait la limite entre Cesson et Trégueux à la croisée de ce chemin et du chemin des Ardillères.

 

La tenue de l'état-civil

Jusqu'en 1792, c'est au recteur qu'il revient de tenir dans chaque paroisse, un ou plusieurs registres sur lesquels sont consignés les actes de baptêmes, de mariages et de sépultures, plus rarement les actes de fiançailles ou les bans de mariages. Ces registres sont connus sous le nom de « registres paroissiaux ». 

 

L'ordonnance royale de Villers-Cotterêts, en 1539 ordonne la tenue dans chaque paroisse d'un « registre en forme de preuve des baptêmes »,

 

 

 

 

Celle de Blois, en 1579, étend cette obligation aux mariages et aux sépultures, ces deux ordonnances ne semblent avoir eu en pratique, que peu d'effet dans les provinces, sauf peut-être en Bretagne, où les prescriptions épiscopales avaient devancé l'ordonnance royale.

 

Dans bien des paroisses, l'apparition des premiers registres est beaucoup plus tardive, d'autant que le prix du papier pouvait constituer à l'époque un obstacle réel.

 

Louis XIV allait à son tour se préoccuper de la tenue des registres paroissiaux. L'ordonnance de Saint-Germain en Laye, souvent appelée « code Louis » s'attacha à nouveau à l'obligation des registres paroissiaux.

 

A partir de 1674 les registres devront être tenus sur papier timbré. Puis vint la déclaration royale que Louis XV a consacrée à l'état civil en 1736.

 

 

 

 

Il est à noter que les recteurs inséraient parfois les publications de mariage dans les cahiers de catholicité et qu'ils les faisaient alors en principe trois fois de rang à une semaine de distance.

 

François Merlet a étudié les plus anciens registres des Côtes d'Armor et il nous indique que ce sont les évêques qui ont provoqué l'existence des plus anciens registres de baptêmes, car : « Les évêques comprenaient, mieux que quiconque, que seule la tenue de ces registres pouvait éviter des difficultés énormes dans les procès canoniques ».

 

On connaît les ordonnances de ce genre des évêques de Nantes (1406), de Saint-Brieuc (1421), de Dol (1445) et de Rennes (1464), relatives à la tenue des registres de baptêmes par les recteurs des paroisses. Les registres de décès apparaissent dés le XIVe siècle pour le diocèse de Dol, dés le XVe pour Rennes et Saint-Malo. On ne connaît pas, par contre, d'acte épiscopal analogue au sujet des mariages, qui n'apparaissent guère avant le milieu du XVIe siècle.

 

Le plus ancien registre de baptêmes du département est celui de la paroisse de Lanloup, diocèse de Dol à l'époque et qui date de 1467. On rencontre cependant dans le département un nombre important de registres de baptêmes antérieurs à 1579 (ordonnance de Blois). Dans le diocèse de Saint-Brieuc, on en rencontre dans trente-trois paroisses ou trèves de 1521 à 1579. Le diocèse de Tréguier en présente dans seize paroisses ou trèves de 1504 à 1579, celui de Cornouaille, dans au moins 3 paroisses de 1558 à 1575. Le diocèse de Saint-Malo en présente dans dix-neuf paroisses ou trèves, de 1503 à 1578, celui de Dol, dix-neuf paroisses ou trèves de 1467 à 1559. Quant au diocèse de Vannes on ne rencontre pas de registres, avant 1616.

 

Selon François Merlet, notre département est loin d'être défavorisé pour la précocité de ses registres paroissiaux par rapport aux départements bretons, puisqu'il se classe au second rang pour la Bretagne.

 

La nomination des recteurs des paroisses

Les Cures ont fait, sous l'ancien régime, l'objet de deux types d'attributions ou de collations :

 

Le rectorat du Plessis-Balisson n'était pas à la collation de l'Evêque, mais à un patron laïque, quand le bénéfice était vacant. Celui-ci était dans ce cas, le seigneur du Plessis, qui présentait le candidat de son choix, et l'Evêque lorsqu' il l'en trouvait digne, lui accordait l'institution canonique. Ce privilège s'explique par l'histoire de certaines paroisses qui devaient tout, jusqu'à leur existence, au seigneur. Nous avons copié aux registres d'insinuations de l'ancien diocèse de Saint-Malo, conservés aux Archives d'Ille-et-Vilaine, l'acte de présentation du dernier recteur du Plessis, avant la Révolution. Le voici :

" L'an 1778, 1e 10 novembre, devant les soussignants notaires royaux... furent présents Dame Reine Jeanne Félicité Vincent, Dame veuve de Messire Henri Baude, seigneur de Saint-Père, du comté de Rays et autres lieux demeurant en la ville et paroisse de Saint-Malo rue de Chartres, agissant personnellement pour elle et garantissant pour messieurs ses enfants avec lesquels elle est co-propriétaire des terres et seigneurie du comté de Rays, du Plessis-Balisson, actuellement vacant par le décès de Messire Gilles Martin, dernier titulaire et possesseur pacifique d'icelle ; laquelle dite dame présente à Mgr illustrissime et révérendissime Évêque, Comte et Seigneur, de Saint-Malo, Messire Jérôme Huet, prêtre du diocèse de Saint-Brieuc, de bonne vie et murs, capable de bien et dûment posséder et desservir la dite cure et église paroissiale du Plessis-Balisson, suppliant et requérant mon dit Seigneur Évêque et ses vicaires généraux d'accorder au dit sieur Huet les lettres d'institution et toutes provisions qui lui sont nécessaires pour prendre possession réelle et actuelle et corporelle de ladite cure et église paroissiale et de jouir de tous les honneurs, fruits et revenus y attachés.È

 

Le conseil de fabrique

Le « Général » appelé encore le « Conseil de fabrique » ou tout simplement la « Fabrique » était la représentation de la généralité des paroissiens. C'était à l'échelon de la paroisse l'équivalent du conseil municipal actuel de la commune.

 

Ses membres étaient appelés les « fabriciens » ou les « marguilliers » et même dans certaines inscriptions sur les églises les « fabriques ». Certains d'entre eux étaient nommés de droit : le recteur, le sénéchal et souvent le procureur fiscal. Les autres étaient élus par la généralité des paroissiens à l'occasion d'une grand-messe et généralement à l'issue de celle-ci.

 

Le conseil de fabrique gérait tout ce qui relevait du temporel de la paroisse : construction, rénovation et entretien de l'église, du presbytère ; gestion des revenus, obligations, dons, etc La fabrique était aussi le relais de l'administration fiscale pour le recouvrement auprès des paroissiens d'impôts comme les fouages ou la capitation. Pour ce faire, elle désignait des « égailleurs » qui étaient chargés de répartir par foyer (les feux) les impôts dont la charge globale était attribuée collectivement à la paroisse. Les égailleurs se servaient de subdivisions administratives telles que les frairies, les dîmeries, les parcelles ou les quartiers pour diviser les paroisses car le cadre de celles-ci était trop vaste pour établir un relais avec le contribuant de base. La frairie était une assiette administrative pour l'égaillage des impôts : tailles, redevances féodales, corvées, etc

 

La fabrique organisait les charrois pour l'entretien des chemins et c'était elle aussi qui, si on annonçait le passage d'une troupe sur la paroisse était chargé de pourvoir à ses besoins : hébergement, nourriture, etc.

 

Les fabriques ont eu une existence légale variée, aux yeux du pouvoir civil, même si elles étaient d'origine et de contrôle essentiellement ecclésiastique au départ. Les fabriques ont été l'objet, sous l'ancien régime, d'une réglementation abondante dont les principaux éléments furent : L'ordonnance de Blois, en 1579, qui stipule que les évêques doivent pourvoir, lors de leurs visites, au matériel nécessaire des paroisses ; l'édit de Melun, en 1580, ajoute que l'administration et l'inventaire sera fait par des marguilliers ; L'édit de Louis XIII, en 1610 oblige à utiliser tous les revenus des fabriques pour les fins auxquelles ils sont destinés (les marguilliers doivent en rendre compte à l'évêque) ; les lettres patentes de Louis XIII, du 4 septembre 1619, traitent du même sujet sur les fabriques en général.

 

Les trèves

 

Ce mot commun à toutes les contrées celtiques où il représente une division territoriale de base n'a pas au moins au départ une connotation ecclésiastique. Au pays de Galles, le mot « tref, tre » est assez fréquent en toponymie. En pays Cornique, le mot « trev, tre » est très fréquent en toponymie également. En Bretagne, on retrouve ce mot en moyen breton (1100-1650) tout d'abord avec le mot Treff, puis en breton Trev, le v se prononçant o en fin de mot, qui a pu donner en français Trève et paroisse-trèviale, et non Trêve qui a un autre sens, mais que l'on retrouve parfois sous la plume de certains auteurs. On trouve le mot vieux-breton treb dans les actes du Cartulaire de Redon et le mot tref dans les actes du Cartulaire de Landévennec. On trouve encore en 1478 le « treff de Couhannec en la parouesse de Cavan » et « le treff de Treffgoustat, paroisse de Pléstin » en 1502.

 

La trève ecclésiastique est administrée par un curé (vicaire), en breton kure, dépendant du recteur, en breton Person, de la paroisse-mère. A noter que ce curé avait la charge de l'état civil dans la trève, car c'est lui qui remplissait les registres paroissiaux,; la trève était d'ailleurs une paroisse dite aussi :  succursale ou fillette de l'église mère ou matrice, dont elle constituait l'annexe spirituelle.

 

Devant l'évolution démographique des paroisses, et surtout lorsque la surface de celles-ci était importante, les fidèles ne pouvaient sans difficultés se rendre à l'église surtout pour les baptêmes, car il était d'usage de baptiser l'enfant nouveau-né sitôt sa naissance. Ainsi dans la paroisse de Lanloup en 1467, le premier acte de baptême retrouvé, les parents de la baptisée sont de la paroisse de Plouha. Ce cas est loin d'être isolé. Pour la période 1467-1743, sur cinquante et un actes de baptêmes insérés dans le registre, on remarque que seize enfants sont originaires de Plouha, onze de Plouézec et un de Pléhédel.

 

Pour créer une trève, il fallait en référer à l'évêque et c'est en général le seigneur du lieu, qui faisait cette démarche. Par décret épiscopal du 6 avril 1630, la chapelle de Sainct-Julien , dépendant de la seigneurie de la Coste, fut érigée en trève et église succursale de la paroisse de Plaintel. La même année des fonds baptismaux y furent établis et la paroisse de Saint-Julien de la Coste commença d'exister. Dès 1695 le curé s'intitule recteur dans les registres paroissiaux, ce qui marquait son indépendance à l'égard du recteur de Plaintel. Cela fut confirmé par deux décrets épiscopaux érigeant la trève de Saint-Julien en paroisse indépendante les 7 juillet 1699 et 30 octobre 1732. Les seigneurs de la Coste ont donc été les fondateurs de la paroisse de Saint-Julien, tels qu'il est inscrit dans les décrets épiscopaux et qu'ils l'ont dotée. Propriétaires de la chapelle de Saint-Julien, ils y ont fait faire les travaux pour la transformer en église. Le principal artisan de cette transformation fut Jean-François du Gouray, marquis de la Coste, né vers 1620, lieutenant du Roi en Basse-Bretagne. Les seigneurs de la Coste furent « présentateur du recteur » de Saint-Julien jusqu'en 1790.

 

Ce que l'on vient de voir s'applique à peu de choses près à toutes les trèves, ainsi l'Hermitage-Lorge, qui existait en temps que chapelle en 1506, fut érigée en paroisse trèviale dépendant d'Allineuc par décret épiscopal du 27 février 1627.

 

Pour étayer notre idée d'évolution démographique tendant à la création des trèves, nous avons trouvé dans le mémoire de Jean-Louis Le Floc'h, déjà cité, les chiffres de population des trèves de la partie haute de l'évêché de Cornouaille. Il ressort de cette étude que seules deux trèves ont à peu près 200 habitants, mais que 10 trèves ont entre 800 et 900 habitants, que huit ont entre 1000 et 1200 habitants et trois entre 2000 et 2400 habitants. Ceci nous prouve qu'avant 1790 les trèves de cette région étaient peuplées et auraient pu aisément être érigées en paroisses indépendantes.

 

L'instruction dans les paroisses

L'instruction populaire existait sous l'ancien régime car dès le moyen-âge, les évêques de Bretagne s'étaient attachés à la propagation de l'instruction primaire dans leurs diocèses et à faire comprendre la nécessité de leurs propagations.

 

Nous relevons dans les « Notes historiques sur la paroisse de Lanvollon » de Joseph Darsel, qu'en 1678, le nom du maître d'école de Lanvollon, diocèse de Dol, était : Jean Guilloux, dit Pezdron. Les comptes de Fabrique de la même époque mentionnent une dépense de dix livres pour maître Alexandre Le Clerc, prêtre et maître d'école, plus dix autres livres pour la maîtresse d'école et il est dit que ces dépenses avaient été ordonnées par Monseigneur l'évêque de Dol.

 

Les maîtres et maîtresses d'école étaient choisis par le recteur de la paroisse, le sénéchal et autres notables. On trouve en 1715, toujours à Lanvollon, maître Gilles Trébouta, philosophe et théologien de la paroisse de Plouha, qui instruit publiquement les enfants dans la chapelle Saint-Jean.

 

On est par contre étonné quand on s'aperçoit en lisant le mémoire de Georges Minois sur les Ursulines du diocèse de Tréguier, qu'à Guingamp en 1760, le couvent des Ursulines tient aussi de petites écoles, ouvertes gratuitement à tous, dans la ville, les faubourgs et les petites paroisses voisines.

 

Les paroisses sont devenues petit à petit et au fil des temps le cadre de la vie civile, particulièrement les paroisses rurales, car les villes avec leur communauté de ville ont acquis une certaine autonomie vis-à-vis de l'autorité religieuse. Mais les diocèses qui étaient très nombreux en France et avaient peu évolués, souffraient d'une gestion chaotique, et ne purent former une division valable pour le Comité de division de l'Assemblée nationale, aussi les départements, nouvelle entité géographique, furent créés en 1790 sans référence aux diocèses préexistants et la Bretagne, qui comportait neuf diocèses, fut découpée en cinq départements.

 

Par contre, on tint compte du désir des paroisses de ne pas être démembrées et le découpage des départements et de leurs subdivisions, districts et cantons, respecta le découpage original des paroisses.

 

En revanche, les nouveaux diocèses, création du concordat, signé entre le Premier Consul et le Saint-Siège le 15 juillet 1801 comportèrent des paroisses issues des anciennes paroisses, devenues les communes des départements, dont les nouveaux diocèses durent prendre le territoire pour devenir, pour les Côtes-du-Nord, le diocèse de Saint-Brieuc, chaque canton devenant par la même un doyenné de ce diocèse. Il fallut attendre le 23 janvier 1852 pour qu'en décret pontifical, reçu par décret impérial du 13 septembre accorde à l'évêque de Saint-Brieuc, le titre d'évêque de Saint-Brieuc et Tréguier.

 

 Michel Chevalier

 

Bibliographie

 

Annexes