Les Mesures anciennes sur le territoire actuel des Côtes-d'Armor

Les études concernant les anciennes mesures en Bretagne et particulièrement sur le territoire des Côtes-d'Armor font cruellement défaut. Le sujet est sans doute trop technique pour intéresser l'historien, qui a pourtant besoin de ces informations techniques pour lire et comprendre les documents qu'il compulse et qui font très souvent référence à d'anciennes mesures.

Nous avons été obligé de distinguer pour cette étude, deux époques d'après les documents dont nous disposons :

A partir de la création du système métrique en 1799 jusqu'à son application effective dans les Côtes-du-Nord, il s'est écoulé une longue période, puisque les Arrêtés et les Brochures écrites pour aider à son application s'étendent de 1801 à 1840 et donnent les équivalences exactes des anciennes mesures, avec le système métrique, ramenées à leur localisation. Ces brochures étant rédigées par des scientifiques à la demande de l'autorité préfectorale.

On s'aperçoit très vite que si certaines mesures du Royaume de France se sont imposées contre vents et marées, il est resté malgré tout beaucoup de mesures locales qui ont fait souches et ont gardé leur particularismes jusqu'au bout en tentant de résister à tout système centralisé qui sera toujours remis à plus tard malgré les injonctions de l'autorité territoriale et même centrale qui se faisait de plus en plus pressantes.

Les mesures très anciennes de notre territoire

Elles sont avant l'invasion des Normands, les mesures héritées du système romain. Dans cette période nous ne trouvons guère que, le Muids, modius employé comme mesure de capacité, soit même comme mesure agraire. La Livre poids, libra, du scripulum, qui selon les anciens valait 100 pieds et bien sûr le Mille, le Pas, le Pied, mesures romaines, grecques ou égyptiennes.

Après l'expulsion des Normands, les anciennes mesures furent généralement réemployées, mais une fois les seigneurs établis sur leur terres, à l'abri de toute puissance publique, ils modifièrent au gré de leurs intérêts les mesures qui servaient à partager le sol et surtout celles qui étaient employées pour percevoir les redevances en grains. Nous pouvons donc estimer que les fiefs les plus anciens de notre territoire sont ceux qui avaient leurs mesures propres. Or c'est à partir du 13e siècle, date de fondation des principales abbayes que nous allons trouver : La mesure de la Cour de Jugon en 1208, celle de Lanvollon en 1212, celle du Château de Matignon en 1225, celle de Ruca en 1232. La seigneurie de Broons avait sa mesure dés 1249, La Bouillie dés 1272.

Nous allons maintenant examiner les mesures très anciennes par types de mesures :

  1. Mesures de longueur
  1. Mesures de superficie
  1. Mesures pour les liquides
  1. Mesures pour les grains
Les mesures de Lamballe pour cette époque sont : le Tonneau qui valait 12 perrées, la Perrée qui valait 2 boisseaux ou 4 quarts, le Boisseau, qui valait 2 quarts ou 8 godets et le Quart qui valait 4 godets. Il y avait une mesure dite « vieille » qui valait les 3/4 de cette mesure. L'intérêt de ces indications est limité par l'impossibilité d'établir des équivalences correctes avec les mesures actuelles.

 

Mesure vénale

Vieille mesure

Tonneau = 12 perrées

Perrée = 2 boisseaux

= 4 quarts

 

Boisseau = 2 quarts

= 8 godets

Quart = 4 godets

 

 

Perrée = 3/4 de perrée (mesure vénale)

 

         Dans les mesures utilisées avec celles de Lamballe, nous trouvons les mesures de l'ancien Penthièvre ainsi que leur rapport avec le tonneau de Lamballe. La mesure de Coron ou de Chemin Chaussée avait 14 Justes au tonneau, chaque juste étant égale à 2 boisseaux. La mesure de Jugon et celle de Matignon avait 32 boisseaux au tonneau, celle du Plessis-Balisson valait 3 Mines et la mine 8 boisseaux. La mesure de Plancoët valait 27 boisseaux au tonneau, quant à celle de Plestan, elle valait 60 Boisselets.

Mesure vénale de Lamballe

1 tonneau

Mesure Chemin Chaussé

14 justes (1 juste = 2 boisseaux)

Mesure Jugon et Matignon

32 boisseaux

Mesure Plessis-Balisson

3 mines (1 mine = 8 boisseaux)

Mesure Plancoët

27 boisseaux

Mesure Plestan

60 bouexelets

 

  1. Etalons

Nous voudrions connaître les étalons de toutes ces mesures, étalons qui ont existé car nous en retrouvons les mentions :

       Une seule portant le nom de mesure, nous est à coup sûr connue, c'est celle qui sert de bénitier dans l'église de Brélévenez.

                    

       Elle porte, en lettres des 12e ou 13e siècles, l'inscription : h(aec) e(s)t me(n)sura bladi n(um)q(u)a(m) p(er)it(ur)a, ce qui se traduit par, « ceci est une mesure à blé qui ne disparaîtra jamais ».

Cette mesure est appelée un Prebendarium et aurait une contenance approximative de 70 litres

       Il existe au musée de Dinan une mesure mobile à quatre cavités présentée sur un chevalet moderne, celle-ci proviendrait de Plélan-le-Petit et les volumes des cavités seraient de 3,45 - 4,50 - 6,50 et 6,60 litres.

 


Il existe sur le département bien d'autres pierres supposées être des mesures anciennes, mais certains ont vu dans tous les anciens bénitiers des mesures anciennes et nous nous garderons bien de tomber dans cette hypothèse un peu trop facile.

Les mesures de l'ancien régime sur notre territoire

Avant 1789, nous possédons des données précises. En effet pour introduire le système métrique qui devait entrer en vigueur pour toute la France le 23 septembre 1801, le préfet Boullé fit rédiger par Piou, père, Ingénieur en chef, Le Boyer, Professeur de Mathématiques à l'Ecole centrale, et Curo, Professeur de Mathématiques et d'Hydrographie, un tableau de comparaison des anciennes mesures de ce département, paru le 16 septembre 1801. En 1806, parait dans l'annuaire des Côtes-du-Nord des Tableaux des nouveaux poids et mesures.

En 1840 parait, Anciennes mesures des Côtes-du-Nord, écrit par Marée, principal honoraire et régent de Physique du Collège de Saint-Brieuc, Campion, inspecteur des écoles primaires et Blanchard, vérificateur des poids et mesures. Cette même année paraissent les tableaux issus de ce dernier ouvrage, dans l'annuaire des Côtes-du-Nord de 1840, car, le 4 juillet 1838, le système métrique fut déclaré obligatoire à partir du premier janvier 1840.

Comme pour les très anciennes mesures, nous allons examiner les mesures par types principaux de mesures :

  1. Mesures de longueurs

Nous distinguerons les mesures de longueurs générales que l'on retrouve sur tout le territoire et les mesures utilisées pour les toiles.

Les mesures générales sont celles du Royaume de France : les Toises de 6 et de 8 pieds qui valent 1,95 mètre et 2,60 mètres, le Pied qui vaut 12 pouces, soit 0,32 mètre, le Pouce de 12 lignes valant 0,027 mètre ou 2,7 centimètres et la Ligne qui vaut 0,002 mètre ou 2 millimètres. Dans les mesures de distance, on trouve malgré tout la Lieue bretonne qui vaut 4 677,70 mètres ou 4,677 kilomètres. La Lieue de Poste valant 3 898,07 mètres ou un peu moins de 4 kilomètres et qui était liée au service postal avec attelage de chevaux. La Lieue de 25 au degré, soit 4,444 kilomètres, enfin la Lieue marine de 20 au degré, soit 5,555 kilomètres.

Note de l'administrateur du site : le mile nautique actuel est égal à 1 minute d'arc méridien, soit 1 852 mètres; ce qui donne le degré d'arc méridien à 111 120 mètres. La lieue de 25 au degré est donc le 1/25 de 111 120 mètres (4 444,80 mètres exactement) et la lieue marine de 20 au degré est le 1/20 de 111 120 mètres (5 556,00 mètres exactement). Bien que la mesure du méridien terrestre ait encore été imprécise sous l'ancien régime, on voit que le calcul des longueurs des lieues "au degré" était très proche de la réalité. Il est intéressant de noter que ce sont les seules mesures françaises antérieures au système métrique qui soient basées sur un étalon universel.

 

Mesures itinéraires anciennes

Valeur en mètres

Noms des communes

Lieue bretonne


4677,70 mètres

Toute la Bretagne

Lieue de poste


3898,07 mètres

Tout le territoire

Lieue de 25 au degré


4444,44 mètres

Tout le territoire

Lieue marine de 20 au degré


5555,55 mètres

Tout le territoire


Les mesures pour les toiles : L
'Aune qui pouvaient varier de 5,35 à 1,19 mètres, selon les communes et leur environnement, ainsi à Dinan et à Ploubalay, nous trouvons une Aune de 4 verges valant 5,35 mètres, tandis qu'à Jugon, l'Aune de 3 verges ne vaut que 3,90 mètres. A Quintin nous trouvons d'abord une Aune de 52 pouces et 10 lignes valant 1,43 mètre, mais à partir de 1769 avec l'ordonnance d'Agay, Intendant de Bretagne, celui-ci fixe l'Aune pour les toiles dites : « bretaignes » à 52 pouces justes, ceci amène Quintin, Uzel et Plouguenast a reconnaître cette aune qui vaut 1,41 mètre, mais Loudéac et La Chèze continueront à avoir une aune de 51 pouces, soit 1,38 mètre. Saint-Brieuc, Moncontour, Guingamp, Lannion, Loudéac, La Chéze , Merdrignac et Mûr, auront une Aune de 50 pouces : 1,35 mètre. A La Roche-Derrien, on trouve une Aune de 49 pouces, soit 1,33 mètre, mais à Châtelaudren, Jugon, Tréguier et Lézardrieux existe une Aune de 48 pouces : 1,30 mètre alors que tout le territoire devrait avoir adopté depuis longtemps l'Aune de Paris de 1,19 mètre.

Mesures de longueurs anciennes

Valeur en mètres

Noms des Communes

Aune (4 verges)


5,35 mètres

Dinan, Ploubalay

Aune (3 verges)


3,90 mètres

Jugon

Aune (52 pouces, 10 lignes)


1,43 mètres

Quintin

Aune (52 pouces)


1,41 mètre

Quintin, Uzel, Plouguenast

Aune (51 pouces)


1,38 mètre

Loudéac, La Chèze

Aune (50 pouces)


1,35 mètre

St-Brieuc, Moncontour, Guingamp, Lannion, Loudéac, La Chèze, Merdrignac, Mûr

Aune (49 pouces)

1,33 mètre

La Roche-Derrien

Aune (48 pouces)


1,30 mètre

Châtelaudren, Jugon, Tréguier, Lézardrieux

Aune de Paris


1,19 mètre

Sur tout le Territoire

  1. Mesures agraire

Sur tout le territoire on aurait dû trouver : Le Jour de 80 cordes, soit 48,62 ares, composé de 20 Sillons, 2,43 ares; la Corde de 16 toises carrées, soit 0,61 are et la Raie, valant 1/6 de sillon : 0,41 are.

Mais à Jugon, nous trouvons le Jour de 120 cordes, valant 72,94 ares. A Merdrignac, le Jour de 100 cordes valant 60,78 ares. Dans le territoire de Loudéac, on trouve la Journée ou le Journal de 60 cordes, valant 36,47 ares, ou encore la Journée de faucheur (40 cordes), 24,31 ares. Ailleurs à Broons, Jugon, Loudéac, Collinée, La Chéze, Merdrignac et Plouguenast, la Porte, Vergée ou Cinquante valant 3,04 ares et à Mûr la Porte de 40 gaules valant 2,70 ares.

Mesures agraires

Valeur en ares

Noms des Communes

Jour (120 cordes)


72,94 ares

Jugon

Jour (100 cordes)


60,78 ares

Merdrignac

Jour (80 cordes)


48,62 ares

Sur tout le Territoire

Journées (60 cordes) ou Journal

36,47 ares

Territoire de Loudéac

 

Journée du faucheur (40 cordes)


24,31 ares

Porte, Vergée ou Cinquante

3,04 ares

Broons, Jugon, Loudéac,

Collinée, La Chèze, Merdrignac, Plouguenast.

Porte (40 gaules)


2,70 ares

Mûr

Sillon (1/20 de jour)


2,43 ares

Sur tout le Territoire

 

Corde (16 toises au carré)


0, 61 are

Raie (1/16 de sillon)

0, 41 are

  1. Mesures de Capacité pour les liquides

Pour les liquides, sur tout le territoire, nous trouvons : La Barrique de 30 veltes faisant 228,00 litres, la Velte faisant 8 pintes, 7,60 litres et la Pinte, faisant 0,95 litre. Nous trouvons des Pots variant de 0,47 litre à 1,97 litre, des Pintes qui varient de 0,82 litre à 1,95 litre, avec une pinte de Broons et de Jugon à 1,00 litre et des Demi-Chopines et Chopines.

Mesures de capacité anciennes

Valeur en litres

Noms des communes

Barrique (30 veltes)


228,00 litres

Sur tout le Territoire

 

Velte (8 pintes)

7,60 litres

Pinte

0,95 litre

 

 

 

Pot d'étain

0,47 litre

Belle-Isle

Pot de fer blanc

0,94 litre

Pot

1,25 litre

Lamballe

Pot

1,90 litre

Loudéac

Pot

1,91 litre

Jugon

Pot

1,97 litre

Plancoët

 

 

 

Pinte de Chapître

0,82 litre

Saint-Brieuc

Pinte

0,94 litre

Lannion

Pinte

0,96 litre

Plancoët

Pinte

1,00 litre

Broons, Jugon

Pinte

1,10 litre

Merdrignac

Pinte

1,31 litre

Châtelaudren

Pinte

1,95 litre

Guingamp

 

 

 

Demi-chopine

0,24 litre

Pontrieux

Chopine

0,62 litre

Chopine

0,59 litre

Moncontour

  1. Mesures pour les grains

Pour les grains, il y avait 100 mesures différentes sur le territoire de notre département, aussi est-il pratiquement impossible de les citer toutes et de donner leurs valeurs. Aussi, avons-nous pris plusieurs échantillons de mesures caractéristiques.

Nous examinerons tout d'abord les mesures de Goëllo, qui se résument au Boisseau sous différentes formes et pour des grains différents. Pour le Froment, nous avons trois types de Boisseaux : la mesure comble, mesure pleine en cône, la mesure marchande, mesure pleine en cône très aplati et la mesure racle, mesure arasée avec un instrument, ces mesures variant de 54,60 litres à 42,50 litres. Pour le Seigle, nous avons les mêmes types de mesures variant de 52,40 litres à 39,30 litres. Pour le Blé-noir et l'Avoine, un seul Boisseau de 67,70 litres.

Les mesures de Rostrenen : la Stalonnée pour le Seigle valant 38 litres et la Somme de 8 stalonnées de 303,00 litres.

Nous verrons les mesures de Lamballe, pour le Froment, le Seigle et l'Orge, où nous trouvons successivement le Quart de 30,00 litres, le Boisseau de 59,30 litres et la Perrée de 118,60 litres. Pour le Blé-noir et l'Avoine, nous retrouvons les mêmes mesures avec 31,10 litres pour le Quart, 62,10 litres pour le Boisseau et 124,10 litres pour la Perrée.

Les mesures de La Chèze qui sont les mesures de la Trinité (Porhoët) sont pour tous les grains : le Demé qui vaut 38,00 litres, le Boisseau de 3 demés, 114 litres et la Perrée de 6 demés, soit 228,00 litres.

Mesures de capacité (grains)

Valeur en litres

Noms des communes

• Froment, seigle, orge
Quart (matrice encuivre)

30,00 litres

Lamballe

Boisseau

59,30 litres

Pérrée (2 boisseaux)

118,60 litres

• Blé noir et avoine
Quart

31,10 litres

Lamballe

Boisseau (matrice en cuivre)

62,10 litres

Pérrée (2 boisseaux)

124,10 litres

 

Mesures de capacité (grains)

anciennes

Valeur en litres

Noms des communes

Demé

38,00 litres

La Chéze

 

Boisseau (3 demés)

114,00 litres

Perrée (6 demés)

228,00 litres

Les mesures de Mûr, sont pour le Froment et le Seigle, le Demi-Minot de 25,00 litres, le Minot de 50,00 litres, le Renot de 100,00 litres et le Double-Renot ou Perrée de 200,00 litres. Pour l'Avoine et le Blé-noir, mesure comble, soit 1,24 fois plus que pour le froment et le seigle.

Mesures de capacité (grains)

anciennes

Valeur en litres

Noms des communes

  • Froment et Seigle
Demi-Minot

25, 00 litres

Mûr

Minot

50, 00 litres

Renot

100, 00 litres

Double-Renot (Perrée)

200, 00 litres

  • Avoine et Blé-noir, comble
Demi-Minot

31, 00 litres

Mûr

 

Minot

62, 00 litres

Renot

124, 00 litres

Double-Renot (Perrée)

248, 00 litres

Il nous reste à voir la mesure du Prince de Rohan, que l'on retrouve sur la commune de Gouarec, il s'agit du Boisseau qui valait 30,40 litres

  1. Mesures de poids et monnaies

Les mesures de poids sur tout le Territoire du département sont les mesures de France, à savoir : la Livre de 16 onces qui valait 0,4890 kg, soit prés de notre Livre actuelle, le Marc de 8 onces, de 0,2445 kg, puis l'Once de 8 gros, qui valait 0,0306 kg, soit 30,59 gr, le Gros de 72 grains, qui valait 0,00382 kg ou 3,82 gr et le Grain valant 0,05 gr. Il y avait toutefois des mesures de poids locales, car à coté de la Livre de 16 onces, nous trouvons à Lamballe et Collinée une Livre de 18 onces, qui valait 0,5507 kg, à Moncontour, il y avait une Livre de 22 onces, qui valait 0,673 kg et sur le Territoire de Loudéac, une Livre de 24 onces, valant 0,7342 kg.

Mesures de poids anc.

Valeur en kilos ou grammes

Noms des communes

Livre (16 onces)

0,4 890 kg

Sur tout le Territoire

 

Marc (8 onces)

0,2 445 kg

Once (8 gros)

0,0 306 kg / 30,59 g

Gros (72 grains)

0,0 038 kg / 3,82 g

Grain

0,05 g

Mesures de poids locales

 

 

Livre (18 onces)

0,5 507 kg

Lamballe, Collinée

Livre (22 onces)

0,6 730 kg

Moncontour

Livre (24 onces)

0,7 342 kg

Territoire de Loudéac

Nous ne pouvons terminer cette énumération de tant de mesures anciennes, sans citer au moins les Monnaies. Elles se résument dans les textes habituels à la Pistole, valant 10 livres, l'Ecu, valant 3 livres, le Franc de 1livre et 3 deniers. Les plus employées sont : La Livre, valant 20 sous, le Sou ou Sol, valant 12 deniers et pour finir le Denier. A propos de Livre, il s'agit de la livre tournois (de Tours), car il existait la livre parisis (de Paris), qui valait 25 sous tournois. Il y avait un rapport de 4 à 5 entre les monnaies tournois et parisis.

Pistole

10 livres

Ecu

3 livres

Franc

1 livre, 3 deniers

Livre

20 Sous

Sou ou Sol

12 deniers

Denier

 

  1. Etalons

Pour cette période également, nous voudrions connaître les étalons de toutes ces mesures, étalons qui ont existé, puisque un Arrêt du Parlement du 29 juillet 1757, applicable dans toute la Bretagne, « qui enjoint à tous les juges qui ont droit de police sur les mesures d'en faire faire en fonte ou en cuivre armoriées des armes de la seigneurie », c'est pour cela que Piou, Le Boyer et Curo en 1801 dans les observations de leurs tableaux, citent des matrices en tôle, en cuivre, en fer, mais très souvent, ils citent : « D'après une mesure en bois, la matrice n'existant plus ».

Mais, devant le peu d'empressement des marchands à adopter le nouveau système, le Préfet demandait que les anciens poids et mesures soient saisis, confisqués et mutilés.

Il existe encore dans les réserves du musée de Dinan, des étalons en bronze, montés sur un chevalet : étalon de 24,94 litres pour le froment (boisseau dit « le Quart »), de 66,91 litres pour le sel et de 31,93 litres pour le gros blé ou méteil. 

                   


Une telle variété de mesures nuisait au commerce et aux échanges, car sur les marchés et dans les nombreuses foires, le problème était de savoir quel était l
'étalon de mesure qui régissait la seigneurie où avaient lieu ces marchés ou ces foires.

Quelle était l'unité de mesure dans laquelle, le Recteur devait percevoir ses prémices? Ainsi, ce François Cavan ménager à Trélézan, (une des paroisse qui a formé Bégard en 1793) qui s'oppose à son recteur Jean Le Tiec, lequel voulait percevoir ses prémices à la mesure de La Roche-Derrien, alors qu'il ne doit les percevoir qu'à la mesure de Guingamp qui est du tiers moins; d'où procés.

Un accroissement inconsidéré des mesures, dont les étalons disparaissaient, ainsi voit-on à Plancoët une nouvelle mesure en cuivre étalonnée le premier août 1767. Le boisseau pour tous bleds approuvé par le Sénéchal de Quintin en 1758

Un certain Droit de minage à Saint-Brieuc « aux jours de mercredy et samedy qui sont les jours de marchés et aux jours de foires » auxquels le fermier du Trésorier du Chapitre « est tenu d'apporter dans tous lesdits marchés un certain boisseau d'arrain qu'on nomme ordinairement le tellon de la mesure de la juridiction des Regaires de Saint-Brieuc, afin que les marchands et vendeurs de bled s'en puissent servir et y faire telloner les boisseaux et mesure particuliers. »

Les différents procès entre les abbayes et leurs vassaux à propos des redevances que ceux-ci leur devaient. L'affaire du boisseau de Bégard s'étendit de 1653 jusqu'à la révolution.

Au moment de la révolution une réforme des poids et mesures commence à se faire sentir, ne trouve-t-on pas dans le Cahier de la Sénéchaussée de Tréguier-Lannion, une demande d'« uniformité des poids et mesures? ».

Ceci n'empêchera pas, le système métrique de mettre plus de quarante ans pour être enfin appliqué. Nous ne saurions en faire un trop grand reproche à nos ancêtres, quand on sait que le changement intervenu sur le Franc en 1958 n'était pas encore parfaitement maîtrisé, quand est arrivé l'Euro.

                                                                                                                      Michel Chevalier