Les études concernant les anciennes mesures en Bretagne et particulièrement sur le territoire des Côtes-d'Armor font cruellement défaut. Le sujet est sans doute trop technique pour intéresser l'historien, qui a pourtant besoin de ces informations techniques pour lire et comprendre les documents qu'il compulse et qui font très souvent référence à d'anciennes mesures.
Nous avons été obligé de distinguer pour cette étude, deux époques d'après les documents dont nous disposons :
A partir de la création du système métrique en 1799 jusqu'à son application effective dans les Côtes-du-Nord, il s'est écoulé une longue période, puisque les Arrêtés et les Brochures écrites pour aider à son application s'étendent de 1801 à 1840 et donnent les équivalences exactes des anciennes mesures, avec le système métrique, ramenées à leur localisation. Ces brochures étant rédigées par des scientifiques à la demande de l'autorité préfectorale.
On s'aperçoit très vite que si certaines mesures du Royaume de France se sont imposées contre vents et marées, il est resté malgré tout beaucoup de mesures locales qui ont fait souches et ont gardé leur particularismes jusqu'au bout en tentant de résister à tout système centralisé qui sera toujours remis à plus tard malgré les injonctions de l'autorité territoriale et même centrale qui se faisait de plus en plus pressantes.
Les mesures très anciennes de notre territoire
Elles sont avant l'invasion des Normands, les mesures héritées du système romain. Dans cette période nous ne trouvons guère que, le Muids, modius employé comme mesure de capacité, soit même comme mesure agraire. La Livre poids, libra, du scripulum, qui selon les anciens valait 100 pieds et bien sûr le Mille, le Pas, le Pied, mesures romaines, grecques ou égyptiennes.
Après l'expulsion des Normands, les anciennes mesures furent généralement réemployées, mais une fois les seigneurs établis sur leur terres, à l'abri de toute puissance publique, ils modifièrent au gré de leurs intérêts les mesures qui servaient à partager le sol et surtout celles qui étaient employées pour percevoir les redevances en grains. Nous pouvons donc estimer que les fiefs les plus anciens de notre territoire sont ceux qui avaient leurs mesures propres. Or c'est à partir du 13e siècle, date de fondation des principales abbayes que nous allons trouver : La mesure de la Cour de Jugon en 1208, celle de Lanvollon en 1212, celle du Château de Matignon en 1225, celle de Ruca en 1232. La seigneurie de Broons avait sa mesure dés 1249, La Bouillie dés 1272.
Nous allons maintenant examiner les mesures très anciennes par types de mesures :
- Les Ducs de Bretagne avaient tenté de ramener de l'ordre dans les mesures de longueur en établissant le « Pied ducal », l'annexion de la Bretagne fit prévaloir le « Pied de roi ». Tous deux valaient 12 pouces, mais ces 12 pouces valaient 149 lignes pour le premier et 144 pour le second.
- La Brasse de 5 pieds ne s'employait guère que sur le littoral. La Verge et plus anciennement la Gaule étaient de 7 pieds 1/2. la Toise de 8 pieds, la Corde de 24. Ces diverses assertions ne peuvent surprendre, puisque une des mesures les plus usitées au moyen âge, la Perche, perca, a varié elle-même de 16 à 25 pieds.
- Les Aunes étaient fort différentes, quand la troisième constitution de Jean V vint, en 1431 en fixer deux sortes, mais la contenance de ces deux aunes est précisément restée en blanc dans les deux manuscrits du XVe siècle de la Bibliothèque de Saint-Brieuc et dans l'édition de 1715 de la très ancienne Coutume de Bretagne.
- La première constitution du Duc Pierre II, en May l'an 1451 dit que « ... une corde contenante six vingt pieds sera assise par six vingt fois. » pour faire la lieue, telle que l'avait fixée : « autrefois feu Maistre Pierres de l'Hospital, en son temps Président de Bretaigne. » Ruffelet soutient que la lieue de ce pays était de 2400 toises.
- Nous trouvons en usage pour les liquides : la Chopine, le Tierçon, la Bouteille ou Pinte, le Pot, le Pichet, le Galon, la Jallaye, le Setier, le Muid, le Poinçon, le Costeretz, la Somme, la Barrique, le Tonneau et Demi-Tonneau, la Pipe. Parfois le galon valait deux pots, et quatre galons faisaient le setier. Le muid variait de 7 à 30 setiers. La pipe valait 3 sommes, celle-ci était le double du costeretz, et le tonneau valait 2 muids.
- Les mesures pour le sel étaient le Bouillon, le Quartier, le Muid, le Boisseau, la Mine et la Somme. La chaux se vendait à Pontrieux au Boisseau.
Les mesures de Lamballe pour cette époque sont : le Tonneau qui valait 12 perrées, la Perrée qui valait 2 boisseaux ou 4 quarts, le Boisseau, qui valait 2 quarts ou 8 godets et le Quart qui valait 4 godets. Il y avait une mesure dite « vieille » qui valait les 3/4 de cette mesure. L'intérêt de ces indications est limité par l'impossibilité d'établir des équivalences correctes avec les mesures actuelles.
- Ici, la confusion touche de bien près à l'anarchie, toutefois, au milieu de ce pêle-mêle qui semble inextricable au premier coup d'œil, il est possible de distinguer des groupes principaux, auxquels se rattachent plus ou moins les variétés. Ainsi le Goëllo, dont on connaît les mesures de capacité au XVe siècle offre un type primordial d'où sont sortis les mesures de Plouha, Paimpol, Pontrieux, etc. Il est dit dans un « état de comparaison de la valeur des mesures » : « Goello, En ung re y a douze bouex.(iaux). Trois retz font le Tonneau mesure dud(it) gouello ». Il en est de même du Porhoët, d'où sont sorties les mesures de Rohan.
- A Guingamp, le Boisseau de cette ville allait toujours grandissant, surtout depuis que le seigneur en était éloigné, des plaintes et des procès s'ensuivirent, et après une enquête sur les anciens usages, le Parlement de Paris arrêta, au mois de septembre 1662, que Guingamp aurait deux boisseaux, l'un pour le froment, l'autre pour le seigle, avec les mesures des étalons. La cupidité avait peu à peu amené le poids du boisseau jusqu'à 100 livres (48,9 kg). Malgré cet arrêt, le sénéchal de Tréguier constatait qu'en 1668, on se servait à Guingamp de cinq mesures. Les mesures changeaient donc souvent, ces variations locales des unités de mesures avaient fait l'objet d'une tentative d'uniformisation par les états en 1425, qui souhaitaient ne conserver que les mesures principales.
- En pays breton, tel à Belle-Isle en Terre, on utilisait, le Renal, en breton : ar rennal, le Demi-Renal, an anter rennal, le Quart de Renal, ar bevarreun. Les mesures anciennes avaient leurs équivalents en langue bretonne.
- Pour ne pas tomber dans des énumérations de mesures, nous nous attacherons à étudier les mesures de Penthièvre, que nous avons pu étudier dans « les comptes de la châtellenie de Lamballe. 1387-1482. »
Mesure vénale |
Vieille mesure |
Tonneau = 12 perrées
Perrée = 2 boisseaux = 4 quarts
Boisseau = 2 quarts = 8 godets
Quart = 4 godets
|
Perrée = 3/4 de perrée (mesure vénale)
|
Dans les mesures utilisées avec celles de Lamballe, nous trouvons les mesures de l'ancien Penthièvre ainsi que leur rapport avec le tonneau de Lamballe. La mesure de Coron ou de Chemin Chaussée avait 14 Justes au tonneau, chaque juste étant égale à 2 boisseaux. La mesure de Jugon et celle de Matignon avait 32 boisseaux au tonneau, celle du Plessis-Balisson valait 3 Mines et la mine 8 boisseaux. La mesure de Plancoët valait 27 boisseaux au tonneau, quant à celle de Plestan, elle valait 60 Boisselets.
Mesure vénale de Lamballe |
1 tonneau |
Mesure Chemin Chaussé |
14 justes (1 juste = 2 boisseaux) |
Mesure Jugon et Matignon |
32 boisseaux |
Mesure Plessis-Balisson |
3 mines (1 mine = 8 boisseaux) |
Mesure Plancoët |
27 boisseaux |
Mesure Plestan |
60 bouexelets |
Nous voudrions connaître les étalons de toutes ces mesures, étalons qui ont existé car nous en retrouvons les mentions :
Une seule portant le
nom de mesure, nous est à coup sûr connue, c'est celle qui sert de bénitier dans l'église de Brélévenez.
Elle porte, en lettres des 12e ou 13e siècles, l'inscription : h(aec) e(s)t me(n)sura bladi n(um)q(u)a(m) p(er)it(ur)a, ce qui se traduit par, « ceci est une mesure à blé qui ne disparaîtra jamais ».
Cette mesure est appelée un Prebendarium et aurait une contenance approximative de 70 litres
Il existe au musée
de Dinan une mesure mobile à quatre cavités présentée
sur un chevalet moderne, celle-ci proviendrait de Plélan-le-Petit
et les volumes des cavités seraient de 3,45 - 4,50 - 6,50 et
6,60 litres.
Il existe sur le département
bien d'autres pierres supposées
être des mesures anciennes, mais certains ont vu dans tous les
anciens bénitiers des mesures anciennes et nous nous garderons
bien de tomber dans cette hypothèse un peu trop facile.
Les mesures de l'ancien régime sur notre territoire
Avant 1789, nous possédons des données précises. En effet pour introduire le système métrique qui devait entrer en vigueur pour toute la France le 23 septembre 1801, le préfet Boullé fit rédiger par Piou, père, Ingénieur en chef, Le Boyer, Professeur de Mathématiques à l'Ecole centrale, et Curo, Professeur de Mathématiques et d'Hydrographie, un tableau de comparaison des anciennes mesures de ce département, paru le 16 septembre 1801. En 1806, parait dans l'annuaire des Côtes-du-Nord des Tableaux des nouveaux poids et mesures.
En 1840 parait, Anciennes mesures des Côtes-du-Nord, écrit par Marée, principal honoraire et régent de Physique du Collège de Saint-Brieuc, Campion, inspecteur des écoles primaires et Blanchard, vérificateur des poids et mesures. Cette même année paraissent les tableaux issus de ce dernier ouvrage, dans l'annuaire des Côtes-du-Nord de 1840, car, le 4 juillet 1838, le système métrique fut déclaré obligatoire à partir du premier janvier 1840.
Comme pour les très anciennes
mesures, nous allons examiner les mesures par types principaux de mesures :
Nous distinguerons les mesures de longueurs générales que l'on retrouve sur tout le territoire et les mesures utilisées pour les toiles.
Les mesures générales sont celles du Royaume de France : les Toises de 6 et de 8 pieds qui valent 1,95 mètre et 2,60 mètres, le Pied qui vaut 12 pouces, soit 0,32 mètre, le Pouce de 12 lignes valant 0,027 mètre ou 2,7 centimètres et la Ligne qui vaut 0,002 mètre ou 2 millimètres. Dans les mesures de distance, on trouve malgré tout la Lieue bretonne qui vaut 4 677,70 mètres ou 4,677 kilomètres. La Lieue de Poste valant 3 898,07 mètres ou un peu moins de 4 kilomètres et qui était liée au service postal avec attelage de chevaux. La Lieue de 25 au degré, soit 4,444 kilomètres, enfin la Lieue marine de 20 au degré, soit 5,555 kilomètres.
Note de l'administrateur du site
: le mile nautique actuel est égal à 1 minute d'arc méridien,
soit 1 852 mètres; ce qui donne le degré d'arc méridien
à 111 120 mètres. La lieue de 25 au degré est donc le
1/25 de 111 120 mètres (4 444,80 mètres exactement) et la
lieue marine de 20 au degré est le 1/20 de 111 120 mètres (5
556,00 mètres exactement). Bien que la mesure du méridien terrestre
ait encore été imprécise sous l'ancien régime,
on voit que le calcul des longueurs des lieues "au degré" était
très proche de la réalité. Il est intéressant
de noter que ce sont les seules mesures françaises antérieures
au système métrique qui soient basées sur un étalon
universel.
Mesures de Longueur |
Valeur en mètres |
Noms des communes |
Toise (6 pieds) |
1,95 mètre |
territoire |
Toise (8 pieds) |
2,60 mètres |
|
Pied (12 pouces) |
0,32 mètre |
|
Pouce (12 lignes) |
0,027 mètre |
|
Ligne |
0,002 mètre |
Mesures itinéraires anciennes |
Valeur en mètres |
Noms des communes |
Lieue bretonne |
4677,70 mètres |
Toute la Bretagne |
Lieue de poste |
3898,07 mètres |
Tout le territoire |
Lieue de 25 au degré |
4444,44 mètres |
Tout le territoire |
Lieue marine de 20 au degré |
5555,55 mètres |
Tout le territoire |
Les mesures pour les toiles : L'Aune qui pouvaient varier de 5,35 à 1,19
mètres, selon les communes et leur environnement, ainsi à
Dinan et à Ploubalay, nous trouvons une Aune de 4 verges valant
5,35 mètres, tandis qu'à Jugon, l'Aune de 3 verges ne vaut que 3,90 mètres.
A Quintin nous trouvons d'abord une Aune de 52 pouces et
10 lignes valant 1,43 mètre, mais à partir de 1769 avec l'ordonnance d'Agay, Intendant de Bretagne, celui-ci fixe l'Aune pour les toiles dites : « bretaignes »
à 52 pouces justes, ceci amène Quintin, Uzel et Plouguenast
a reconnaître cette aune qui vaut 1,41 mètre, mais Loudéac
et La Chèze continueront à avoir une aune de 51 pouces,
soit 1,38 mètre. Saint-Brieuc, Moncontour, Guingamp, Lannion,
Loudéac, La Chéze , Merdrignac et Mûr, auront
une Aune de 50 pouces : 1,35 mètre. A La Roche-Derrien, on
trouve une Aune de 49 pouces, soit 1,33 mètre, mais à Châtelaudren,
Jugon, Tréguier et Lézardrieux existe une Aune de 48 pouces :
1,30 mètre alors que tout le territoire devrait avoir adopté
depuis longtemps l'Aune de Paris de 1,19 mètre.
Mesures de longueurs
anciennes |
Valeur en mètres |
Noms des Communes |
Aune (4 verges) |
5,35 mètres |
Dinan, Ploubalay |
Aune (3 verges) |
3,90 mètres |
Jugon |
Aune (52 pouces, 10 lignes) |
1,43 mètres |
Quintin |
Aune (52 pouces) |
1,41 mètre |
Quintin, Uzel, Plouguenast |
Aune (51 pouces) |
1,38 mètre |
Loudéac, La Chèze |
Aune (50 pouces) |
1,35 mètre |
St-Brieuc, Moncontour, Guingamp, Lannion, Loudéac, La Chèze, Merdrignac, Mûr |
Aune (49 pouces) |
1,33 mètre |
La Roche-Derrien |
Aune (48 pouces) |
1,30 mètre |
Châtelaudren, Jugon, Tréguier, Lézardrieux |
Aune de Paris |
1,19 mètre |
Sur tout le Territoire |
Sur tout le territoire on aurait dû trouver : Le Jour de 80 cordes, soit 48,62 ares, composé de 20 Sillons, 2,43 ares; la Corde de 16 toises carrées, soit 0,61 are et la Raie, valant 1/6 de sillon : 0,41 are.
Mais à Jugon, nous trouvons le Jour de 120 cordes, valant 72,94 ares. A Merdrignac, le Jour de 100 cordes valant 60,78 ares. Dans le territoire de Loudéac, on trouve la Journée ou le Journal de 60 cordes, valant 36,47 ares, ou encore la Journée de faucheur (40 cordes), 24,31 ares. Ailleurs à Broons, Jugon, Loudéac, Collinée, La Chéze, Merdrignac et Plouguenast, la Porte, Vergée ou Cinquante valant 3,04 ares et à Mûr la Porte de 40 gaules valant 2,70 ares.
Mesures agraires |
Valeur en ares |
Noms des Communes |
Jour (120 cordes) |
72,94 ares |
Jugon |
Jour (100 cordes) |
60,78 ares |
Merdrignac |
Jour (80 cordes) |
48,62 ares |
Sur tout le Territoire |
Journées (60 cordes) ou Journal |
36,47 ares |
Territoire de Loudéac
|
Journée du faucheur
(40 cordes) |
24,31 ares |
|
Porte, Vergée ou Cinquante |
3,04 ares |
Broons, Jugon, Loudéac, Collinée, La Chèze, Merdrignac, Plouguenast. |
Porte (40 gaules) |
2,70 ares |
Mûr |
Sillon (1/20 de jour) |
2,43 ares |
Sur tout le Territoire
|
Corde (16 toises au carré) |
0, 61 are |
|
Raie (1/16 de sillon) |
0, 41 are |
Pour les liquides, sur tout le territoire, nous trouvons : La Barrique de 30 veltes faisant 228,00 litres, la Velte faisant 8 pintes, 7,60 litres et la Pinte, faisant 0,95 litre. Nous trouvons des Pots variant de 0,47 litre à 1,97 litre, des Pintes qui varient de 0,82 litre à 1,95 litre, avec une pinte de Broons et de Jugon à 1,00 litre et des Demi-Chopines et Chopines.
Mesures de capacité anciennes |
Valeur en litres |
Noms des communes |
Barrique (30 veltes) |
228,00 litres |
Sur tout le Territoire
|
Velte (8 pintes) |
7,60 litres |
|
Pinte |
0,95 litre |
|
|
|
|
Pot d'étain |
0,47 litre |
Belle-Isle |
Pot de fer blanc |
0,94 litre |
|
Pot |
1,25 litre |
Lamballe |
Pot |
1,90 litre |
Loudéac |
Pot |
1,91 litre |
Jugon |
Pot |
1,97 litre |
Plancoët |
|
|
|
Pinte de Chapître |
0,82 litre |
Saint-Brieuc |
Pinte |
0,94 litre |
Lannion |
Pinte |
0,96 litre |
Plancoët |
Pinte |
1,00 litre |
Broons, Jugon |
Pinte |
1,10 litre |
Merdrignac |
Pinte |
1,31 litre |
Châtelaudren |
Pinte |
1,95 litre |
Guingamp |
|
|
|
Demi-chopine |
0,24 litre |
Pontrieux |
Chopine |
0,62 litre |
|
Chopine |
0,59 litre |
Moncontour |
Pour les grains, il y avait 100 mesures différentes sur le territoire de notre département, aussi est-il pratiquement impossible de les citer toutes et de donner leurs valeurs. Aussi, avons-nous pris plusieurs échantillons de mesures caractéristiques.
Nous examinerons tout d'abord les mesures de Goëllo, qui se résument au Boisseau sous différentes formes et pour des grains différents. Pour le Froment, nous avons trois types de Boisseaux : la mesure comble, mesure pleine en cône, la mesure marchande, mesure pleine en cône très aplati et la mesure racle, mesure arasée avec un instrument, ces mesures variant de 54,60 litres à 42,50 litres. Pour le Seigle, nous avons les mêmes types de mesures variant de 52,40 litres à 39,30 litres. Pour le Blé-noir et l'Avoine, un seul Boisseau de 67,70 litres.
Mesures de capacité (grains) |
Valeur en litres |
Noms des communes |
• Froment |
|
|
Boiseau (mesure comble) |
54,60 litres |
Châtelaudren, Plouha
Mesures de Gouëlo (sic) |
Boisseau (mesure marchande) |
48,60 litres |
|
Boisseau (mesure
racle) |
42,50 litres |
|
• Seigle |
|
|
Boiseau (mesure comble)
|
52,40 litres |
|
Boisseau (mesure
marchande) |
45,90 litres |
|
Boisseau (mesure
racle) |
39,30 litres |
|
• Blé noir et avoine |
|
|
Boisseau |
67,70 litres |
Les mesures de Rostrenen : la Stalonnée pour le Seigle valant 38 litres et la Somme de 8 stalonnées de 303,00 litres.
Nous verrons les mesures de Lamballe, pour le Froment, le Seigle et l'Orge, où nous trouvons successivement le Quart de 30,00 litres, le Boisseau de 59,30 litres et la Perrée de 118,60 litres. Pour le Blé-noir et l'Avoine, nous retrouvons les mêmes mesures avec 31,10 litres pour le Quart, 62,10 litres pour le Boisseau et 124,10 litres pour la Perrée.
Les mesures de La Chèze qui sont les mesures de la Trinité (Porhoët) sont pour tous les grains : le Demé qui vaut 38,00 litres, le Boisseau de 3 demés, 114 litres et la Perrée de 6 demés, soit 228,00 litres.
Mesures de capacité (grains) |
Valeur en litres |
Noms des communes |
• Froment, seigle, orge |
||
Quart (matrice encuivre) |
30,00 litres |
Lamballe |
Boisseau |
59,30 litres |
|
Pérrée (2 boisseaux) |
118,60 litres |
|
• Blé noir et avoine |
||
Quart |
31,10 litres |
Lamballe |
Boisseau (matrice en cuivre) |
62,10 litres |
|
Pérrée (2 boisseaux) |
124,10 litres |
Mesures de capacité (grains) anciennes |
Valeur en litres |
Noms des communes |
Demé |
38,00 litres |
La Chéze
|
Boisseau (3 demés) |
114,00 litres |
|
Perrée (6 demés) |
228,00 litres |
Les mesures de Mûr, sont pour le Froment et le Seigle, le Demi-Minot de 25,00 litres, le Minot de 50,00 litres, le Renot de 100,00 litres et le Double-Renot ou Perrée de 200,00 litres. Pour l'Avoine et le Blé-noir, mesure comble, soit 1,24 fois plus que pour le froment et le seigle.
Mesures de capacité (grains) anciennes |
Valeur en litres |
Noms des communes |
|
|
|||
Demi-Minot |
25, 00 litres |
Mûr |
|
Minot |
50, 00 litres |
||
Renot |
100, 00 litres |
||
Double-Renot (Perrée) |
200, 00 litres |
||
|
|||
Demi-Minot |
31, 00 litres |
Mûr
|
|
Minot |
62, 00 litres |
||
Renot |
124, 00 litres |
||
Double-Renot (Perrée) |
248, 00 litres |
Il nous reste à voir la mesure du Prince de Rohan, que l'on retrouve sur la commune de Gouarec, il s'agit du Boisseau qui valait 30,40 litres
Les mesures de poids sur tout le Territoire du département sont les mesures de France, à savoir : la Livre de 16 onces qui valait 0,4890 kg, soit prés de notre Livre actuelle, le Marc de 8 onces, de 0,2445 kg, puis l'Once de 8 gros, qui valait 0,0306 kg, soit 30,59 gr, le Gros de 72 grains, qui valait 0,00382 kg ou 3,82 gr et le Grain valant 0,05 gr. Il y avait toutefois des mesures de poids locales, car à coté de la Livre de 16 onces, nous trouvons à Lamballe et Collinée une Livre de 18 onces, qui valait 0,5507 kg, à Moncontour, il y avait une Livre de 22 onces, qui valait 0,673 kg et sur le Territoire de Loudéac, une Livre de 24 onces, valant 0,7342 kg.
Mesures de poids anc. |
Valeur en kilos ou grammes |
Noms des communes |
Livre (16 onces) |
0,4 890 kg |
Sur tout le Territoire
|
Marc (8 onces) |
0,2 445 kg |
|
Once (8 gros) |
0,0 306 kg / 30,59 g |
|
Gros (72 grains) |
0,0 038 kg / 3,82 g |
|
Grain |
0,05 g |
|
Mesures de poids locales |
|
|
Livre (18 onces) |
0,5 507 kg |
Lamballe, Collinée |
Livre (22 onces) |
0,6 730 kg |
Moncontour |
Livre (24 onces) |
0,7 342 kg |
Territoire de Loudéac |
Nous ne pouvons terminer cette énumération de tant de mesures anciennes, sans citer au moins les Monnaies. Elles se résument dans les textes habituels à la Pistole, valant 10 livres, l'Ecu, valant 3 livres, le Franc de 1livre et 3 deniers. Les plus employées sont : La Livre, valant 20 sous, le Sou ou Sol, valant 12 deniers et pour finir le Denier. A propos de Livre, il s'agit de la livre tournois (de Tours), car il existait la livre parisis (de Paris), qui valait 25 sous tournois. Il y avait un rapport de 4 à 5 entre les monnaies tournois et parisis.
Pistole |
10 livres |
Ecu |
3 livres |
Franc |
1 livre, 3 deniers |
Livre |
20 Sous |
Sou ou Sol |
12 deniers |
Denier |
|
Pour cette période également, nous voudrions connaître les étalons de toutes ces mesures, étalons qui ont existé, puisque un Arrêt du Parlement du 29 juillet 1757, applicable dans toute la Bretagne, « qui enjoint à tous les juges qui ont droit de police sur les mesures d'en faire faire en fonte ou en cuivre armoriées des armes de la seigneurie », c'est pour cela que Piou, Le Boyer et Curo en 1801 dans les observations de leurs tableaux, citent des matrices en tôle, en cuivre, en fer, mais très souvent, ils citent : « D'après une mesure en bois, la matrice n'existant plus ».
Mais, devant le peu d'empressement des marchands à adopter le nouveau système, le Préfet demandait que les anciens poids et mesures soient saisis, confisqués et mutilés.
Il existe encore dans les réserves du musée de Dinan, des étalons en bronze, montés sur un chevalet : étalon de 24,94 litres pour le froment (boisseau dit « le Quart »), de 66,91 litres pour le sel et de 31,93 litres pour le gros blé ou méteil.
Une telle variété de mesures nuisait au commerce et aux
échanges, car sur les marchés et dans les nombreuses foires,
le problème était de savoir quel était l'étalon de mesure qui régissait la
seigneurie où avaient lieu ces marchés ou ces foires.
Quelle était l'unité de mesure dans laquelle, le Recteur devait percevoir ses prémices? Ainsi, ce François Cavan ménager à Trélézan, (une des paroisse qui a formé Bégard en 1793) qui s'oppose à son recteur Jean Le Tiec, lequel voulait percevoir ses prémices à la mesure de La Roche-Derrien, alors qu'il ne doit les percevoir qu'à la mesure de Guingamp qui est du tiers moins; d'où procés.
Un accroissement inconsidéré des mesures, dont les étalons disparaissaient, ainsi voit-on à Plancoët une nouvelle mesure en cuivre étalonnée le premier août 1767. Le boisseau pour tous bleds approuvé par le Sénéchal de Quintin en 1758
Un certain Droit de minage à Saint-Brieuc « aux jours de mercredy et samedy qui sont les jours de marchés et aux jours de foires » auxquels le fermier du Trésorier du Chapitre « est tenu d'apporter dans tous lesdits marchés un certain boisseau d'arrain qu'on nomme ordinairement le tellon de la mesure de la juridiction des Regaires de Saint-Brieuc, afin que les marchands et vendeurs de bled s'en puissent servir et y faire telloner les boisseaux et mesure particuliers. »
Les différents procès entre les abbayes et leurs vassaux à propos des redevances que ceux-ci leur devaient. L'affaire du boisseau de Bégard s'étendit de 1653 jusqu'à la révolution.
Au moment de la révolution une réforme des poids et mesures commence à se faire sentir, ne trouve-t-on pas dans le Cahier de la Sénéchaussée de Tréguier-Lannion, une demande d'« uniformité des poids et mesures? ».
Ceci n'empêchera pas, le système métrique de mettre plus de quarante ans pour être enfin appliqué. Nous ne saurions en faire un trop grand reproche à nos ancêtres, quand on sait que le changement intervenu sur le Franc en 1958 n'était pas encore parfaitement maîtrisé, quand est arrivé l'Euro.
Michel Chevalier