Lorsqu'en lisant le Dictionnaire historique et géographique de la province de Bretagne d'Ogée de 1778 sur les paroisses des Evêchés ayant constitué les Côtes-du-Nord, puis les Côtes d'Armor, on rencontre le mot «Subdélégation». On peut être amené à penser qu'en matière de division territoriale, c'est un mot complètement inconnu. On peut alors consulter les dictionnaires, et même dans un Larousse en sept volumes du début du vingtième siècle, on ne trouvera aucune réponse intéressante au sujet d'une division territoriale de l'ancien régime.
Les différents historiens connus dans notre département
Lamare ou Hillio pour Saint-Brieuc, Odoricci ou Lemasson pour
Dinan, Dutemple ou Quernest pour Lamballe, Ropartz pour Guingamp,
n'ont jamais employé le mot de Subdélégation.
Depuis, en cherchant dans le détail, on peut trouver peut-être
des allusions chez différents auteurs, ainsi:
L'Abbé Ruffelet dans «Annales Briochines»
de 1771 présente des tableaux de juridictions par subdélégations
avec l'aide des subdélégués des chefs-lieux.
Régis de Saint-Jouan à la page 10 de son Dictionnaire
des Communes dit qu'Ogée a été aidé
pour écrire son Dictionnaire de Bretagne: «L'Intendant
avait mis à contribution ses subdélégués
pour en fournir les éléments».
Daniel de La Motte Rouge dans «Vieilles Demeures et Vieilles
Gens» parle plusieurs fois d'un subdélégué
de Lamballe.
La vraie réponse, elle se trouve ailleurs, dans l'ouvrage: «L'Intendance de Bretagne (1689-1790)» d'Henri Fréville, qui parle dés 1953, de subdélégations et de subdélégués et bien plus tard dans les éléments intéressants d'un ouvrage de spécialistes du CNRS: «Cartes des Généralités, Subdélégations et Elections en France à la veille de la Révolution de 1789» par Guy Arbellot et Jean-Pierre Goubert en 1986.
En résumé, il semble que les subdélégués
et les subdélégations sur le territoire des Côtes
d'Armor ont été complètement oubliés
de nos principaux historiens des XIXe et XXe siècles.
Nous allons donc voir rapidement le rôle des intendants,
avant de nous attacher aux fonctions et au rôle des subdélégués,
puis nous essayerons de fixer les limites dans le temps des subdélégations
sur le territoire des Côtes d'Armor.
Les Intendants
Avant de parler des subdélégués, il nous
faut parler des intendants, car la Bretagne fut la dernière
des provinces françaises à recevoir un intendant.
En fait, le Gouverneur, les Etats et le Parlement administrent
la province. Nous ne trouvons des intendants en poste fixe à
Rennes qu'à partir de 1689, ils étendaient leur
autorité sur un territoire à peu près équivalent
à cinq de nos départements contemporains: Ille-et-Vilaine,
Côtes d'Armor, Finistère, Morbihan, Loire-Atlantique.
Les attributions de ces fonctionnaires étaient à
la fois très étendues et très confuses. Et
comme l'a écrit Bernard Barbiche: «Alors que le gouverneur
représente toujours la personne du souverain, l'intendant
presque toujours maître des requêtes, donc membre
du Conseil du roi, est comme la projection de celui-ci dans sa
circonscription, et il incarne une réalité abstraite:
l'Etat». Il est détaché du Palais royal d'une
façon permanente dans une généralité,
en qualité de «commissaire départi pour la
police, la justice et les finances», l'intendant est le
véritable «Maître Jacques» de l'ancienne
monarchie. Finances, travaux publics, police générale,
agriculture, industrie, commerce, affaires religieuses, instruction
publique, presse, assistance publique, l'intendant se mêle
à peu près de tout, même du judiciaire et
du militaire.
A cet égard, il peut être considéré
comme le prédécesseur de nos préfets actuels.
Tels sont les attributions en Bretagne au XVIIe siècle
d'un Pomereu, d'un Béchameil de Nointel; au XVIIIe siècle
d'un Feydeau de Brou, d'un des Gallois de La Tour, d'un Pontcarré
de Viarmes, d'un Caze de La Bove ou d'un Bertrand de Molleville
pour ne citer que les plus représentatifs des treize intendants
qu'a connu la Bretagne en cent ans.
A partir du XVIIIe siècle, les intendants se font seconder par des «Subdélégués» à mission temporaire, les habilitant à enquêter au nom du «commissaire départi» et à le substituer autant de fois que cela serait nécessaire dans des affaires de police par exemple, mais seulement après en avoir reçu mission explicite.
Cette situation se trouva plus clairement définie lorsque
le gouvernement royal crut pouvoir tirer des ressources nouvelles
en érigeant les subdélégations en titre d'office.
Par un édit d'avril 1704, il créa «dans chacun
des évêchés des pays d'Etats, même dans
les autres villes principales» des offices héréditaires
de subdélégués.
L'édit marquait assez bien, dans ses termes, les caractères
et les limites des fonctions des subdélégués:
«Recevrons, chacun dans leur département, toutes les requestres adressées auxdits sieurs intendants et commissaires départis, auxquels ils les enverront le plûtost que faire se pourra avec les éclaircissements et instructions nécessaires et leur avis et, dans le cas qui le requerront, dresseront leurs procez-verbaux qu'ils leur enverront aussi avec leur avis; recevront pareillement tous les ordres qui leur seront adressez par lesdits sieurs intendants et commissaires départis pour choses concernant notre service; les enverront aux maires, échevins, consuls ou syndics des communautés et tiendront la main à leur exécution.»
Les subdélégués de l'intendant n'étaient
donc plus commis pour une seule affaire ou un seul type d'affaires;
ils devenaient des collaborateurs locaux, territoriaux, à
compétence étendue.
L'édit fixait le rang des subdélégués
dans la hiérarchie des agents royaux: un rang très
honorable, puisqu'il les plaçait aussitôt après
les trésoriers de France et, dans les tribunaux ordinaires,
auxquels ils avaient accès, aussitôt après
le doyen des conseillers.
Leur rémunération était fort avantageuse:
il leur était attribué des gages «au dernier
10 de leur finance», soit 10% du prix de l'office. Ils avaient
aussi des privilèges fiscaux et de juridiction.
Nous allons examiner au fur et à mesure du temps leur différentes
fonctions et l'évolution de leur carrière.
Un édit de janvier 1707 portait «création
en titre d'office formés et héréditaires
d'un greffier de la subdélégation dans chacune des
villes du royaume où il a été établi
des subdélégués». Cet édit,
consacrait définitivement, au moins dans une certaine mesure,
la transformation de ces fonctionnaires de contrôle en agents
d'administration: les nouveaux titulaires des greffes étaient
donc désignés, «pour faire, à l'exclusion
de tous autres, toutes les fonctions de greffiers desdits subdélégués,
rédiger par écrit les informations». Et l'édit
ajoutait, ce qui caractérise précisément
un service administratif, que les greffiers «garderont les
minutes (des procès-verbaux), et en délivreront
les expéditions aux parties lorsqu'ils en seront requis».
L'édit de 1707 donnait, en réalité, en créant
des bureaux de subdélégation, une consistance nouvelle
à l'institution qui s'établissait ainsi lentement.
Il accroissait de ce fait, par son énumération,
l'ensemble des attributions des subdélégués.
Les premiers de ceux-ci, désignés par Ferrand de
Villemain, purent ainsi asseoir leur prestige d'agent du pouvoir.
En 1713, en effet, on comptait, sur 82 subdélégués
en Bretagne: 25 sénéchaux, 2 procureur fiscaux,
2 procureur du Roi, 2 lieutenants du Roi, 2 alloués, tous
gens considérés, dont le prestige accrut assurément
l'autorité de la nouvelle fonction.
L'autorité des subdélégués ne faisait
que croître, et comme l'a justement écrit R. Busquet
dans «Etude sur l'ancienne Provence»: «en mettant
un terme à leur existence comme officiers du royaume, l'édit
de 1715 marquait l'avènement de leur importance administrative»;
car une fois la guerre terminée, les offices de subdélégués
furent supprimés par édit d'août 1715. Cet
édit ne supprimait pas les offices de greffiers des subdélégations.
De 1704 à 1715, nous connaissons au moins en partie les
subdélégués créés sur notre
territoire par l'édit de 1704 et l'on sait que ceux-ci
ont conservé leur office jusqu'à l'édit de
suppression d'août 1715. Cette liste nous ait donnée
par Julien Ricommard dans les «Annales de Bretagne»
de Septembre 1961, nous y avons relevé pour:
- Châtelaudren.- Le sieur Joseph Delpeuch de Querullec, «advocat au parlement de Bretagne» et déjà semble-t-il, subdélégué par commission, il obtient ses provisions pour le 28 juin 1705 pour une finance de 2000 livres. (soit un rapport de 200 livres par an)
- Dinan. Gilles Durand, sieur de La Pénezais, conseiller, procureur du Roi au siège royal de Dinan, déjà subdélégué par commission, devient en titre par des lettres de provision du 1er août 1706. Sa quittance de finance était du 6 juillet précédent pour une somme de 4000 livres.
- Guingamp. L'office est acquis par Jacques Mahé de Queranno. «lieutenant civil et criminel du duché de Penthièvre, pairie, au siège de Guingamp», déjà subdélégué par commission. Ses lettres de provision sont du 23 août 1705 pour une finance de 3000 livres.
- Lamballe. Le subdélégué par commission, le sieur Bouhier, inscrit au rôle de modération du 16 mars 1706, pour une somme de 2500 livres, semble être devenu en titre.
- Lannion. L'office est acquis par Jacques Thomé, frère du sénéchal de Tréguier et qui était probablement, déjà subdélégué par commission. Les lettres de provision du titulaire sont du 18 janvier 1705. Finance de 2000 livres.
- Moncontour. L'office semble avoir été acquis par le subdélégué par commission. de Guernatoué, inscrit au rôle de modération du 16 mars 1706 pour une finance de 2000 livres.
- Saint-Brieuc. Le subdélégué par commission Philippot, inscrit au rôle de modération du 16 mars 1706, pour une somme de 3000 livres, était décédé avant d'avoir fait sa soumission. L'office semble avoir été acquis par un sieur Bernard, qui est subdélégué en 1710; mais il n'existe ni quittance de finance ni lettre de provision.
- Tréguier. L'office fut acquis par François Ollivier, escuyer, sieur de Quervigan. «sénéchal et juge des régaires de Tréguier», déjà subdélégué par commission. Sa quittance de finance, de 2000 livres, est du 7 avril et ses provisions sont du 25 du même mois 1706.
A cette époque on ne trouve pas encore, semble-t-il, de
subdélégué à Quintin, car en 1708,
l'intendant Ferrand a recours à un «subdélégué»
qui n'est pas le subdélégué ordinaire qui
réside à Saint-Brieuc. Ceci laisse à penser
que l'intendant Ferrand, utilisa en particulier, à coté
de ses subdélégués en titre, d'autres personnes
de confiance, mais dans des cas précis et limités.
Quintin, Jugon, Loudéac, Paimpol, Uzel, Callac, Corlay
et Rostrenen ont un subdélégué au moins à
partir de 1713, car il figure dans les «Tableaux des
villes et communautés de la province de Bretagne par subdélégation,
avec les noms des subdélégués».
Les subdélégués ne perçoivent aucun
traitement, dans le premier quart du XVIIIe siècle, il
ne paraissent pas même recevoir de vacations, ils vivent
du produit de leur profession propre. De temps en temps, ils touchent
des «gratifications» du contrôleur général,
mais celles-ci échoient généralement à
quelques subdélégués en vue dans la circonscription,
dont l'étendue requiert une particulière assiduité,
ou qui ont rendu des services exceptionnels.
Agent du commissaire départi, ne relevant que de lui, les
subdélégués sont commis à des travaux,
recherches et enquêtes multiples: enquête sur les
justices seigneuriales (1717), recherches de tous ordres relatives
au soulèvement de Pontcallec (1718); enquête sur
la mendicité (1718) à la demande du contrôleur
général. Enquête, également, sur les
hôpitaux, ils reçurent ordre de se faire présenter
soit par les maires et communautés, soit par les particuliers,
les effets royaux et autres papiers constituants «les fonds
de charité»; ils visitèrent les locaux affectés
aux hôpitaux et leurs rapports, très divers et de
valeur inégale, ont fini par former un tableau assez précis
de l'assistance publique en Bretagne à cette époque.
Dans ce même temps, en 1720, ils durent s'enquérir
des ressources des communautés religieuses et reçurent
toute autorité pour faire l'inventaire de leurs revenus.
Le clergé régulier, puissant en Bretagne, sut employer
des arguments de toutes sortes pour prétendre qu'il n'y
avait aucune obligation légale à obéir aux
subdélégués. Il voulut les dénoncer
au Parlement. Malgré toutes ces protestations et oppositions,
les subdélégués imposèrent progressivement
leur autorité. Leurs fonctions apparaissent alors comme
des fonctions de police et de contrôle administratif et
financier: ils transmettent des ordres et en exécutent.
Ils «informent» sur toutes choses, leur chef direct
l'intendant.
En 1725, les registres de la Communauté de Lamballe racontent
longuement les ennuis qu'éprouva la Communauté du
fait du subdélégué Guérin de Fontreven.
Car le lundi 25 juin, le subdélégué s'étant
rendu au marché, «si ivre qu'il avait peine à
marcher». Là il prétendit, «autant qu'il
pouvait s'exprimer» qu'on devait lui fournir du grain. Enfin,
il s'en alla «ne sachant ni ce qu'il faisait, ni ce qu'il
voulait dire».
Quelques jours après, un fermier voulut s'expliquer avec
le subdélégué. Celui-ci, «encore ivre»,
le fit arrêter le subdélégué n'était
en état de rien entendre. «De pareils procédés
sont inadmissibles» disait la Communauté, qui dépêcha
son maire à Rennes pour exposer la situation à l'intendant,
Feydeau de Brou, et requérir contre le subdélégué.
En 1728, l'intendant des Gallois de La Tour groupe les subdélégués
par évêchés, ainsi les enquêtes, faites
pendant qu'il exerçait ses pouvoirs prirent en effet, comme
base, les évêchés.
Ce ne fut pas absolument le cas, pour la grande enquête
menée vers 1730 sur l'état du commerce et de l'industrie.
Le questionnaire de 1728 envoyé aux subdélégués
était imprimé sous forme de tableau. Pour la première
fois nous trouvons un répertoire sérieux et complet
qui sera, dans l'avenir, tenu régulièrement à
jour. L'intendant se préoccupe beaucoup d'exciter le zèle
de ses subdélégués, il suit leurs efforts,
leur envoie des lettres de félicitations ou d'encouragement
et obtient pour les plus méritants d'entre eux, des «gratifications
de Sa Majesté».
Le subdélégué est devenu, en Bretagne, après
1720, l'exécuteur des instructions du pouvoir souverain;
c'est une nouveauté puisque auparavant les juges royaux
seuls accomplissaient cette besogne. L'autorité du subdélégué
s'est trouvée renforcée par la multiplicité
grandissante des besognes qui lui sont confiées. Très
soucieux de maintenir les réglementations de fabrication
des toiles, par exemple, le contrôleur général
eut tendance à exiger l'intervention constante de l'intendant,
donc de ses subdélégués dans ce domaine.
Ils doivent surveiller les commis préposés à
la visite et à la marque des toiles. Mais ils font aussi
des enquêtes sur l'activité des ports, sur la production
des blés, fourrages et oléagineux, renseignent l'intendant
sur le nombre et la marche des moulins, etc A ce sujet, une enquête
de 1730 révèle qu'il n'existe que trois moulins
à huile dans la province, un à Morlaix, l'autre
à Lannion et le troisième à Dinan, ce qui
est notoirement insuffisant puisqu'il en faudrait au moins quarante
pour traiter l'ensemble de la récolte (graines de lin et
de chanvre).
Quand, après la publication de la Déclaration du
27 janvier 1733, les intendants reçoivent mission de faire
poursuivre très sévèrement les contrebandiers,
les subdélégués doivent très souvent,
instruire ces affaires dont le règlement du 25 mai 1728
attribuait la connaissance aux commissaires départis.
Non moins décisive fut l'intervention des subdélégués
dans l'application des arrêts du Conseil du 13 janvier 1731
et du 26 août 1732 portant réduction du nombre et
de l'étendue des parcs et pêcheries existant sur
les côtes de Bretagne. Les propriétaires durent présenter
leurs titres aux subdélégués, ce qui amena
la destruction de certaines pêcheries sur les côtes
de l'amirauté de Saint-Brieuc particulièrement.
Les subdélégués de l'intendant sont mis parfois
à contribution dans d'autres circonstances, par exemple
en 1730, il leur est demandé un état des librairies
et imprimeries existant dans leurs circonscriptions. Pendant tout
le XVIIe siècle la police de l'imprimerie n'avait pas,
en effet, préoccupé le gouvernement royal; celui-ci
n'avait réglementé ni le nombre des imprimeurs ni
le lieu où ils exerçaient. Par arrêt du 21
juillet 1704 seulement le Roi fixa la liste des villes du royaume
où l'exercice de l'imprimerie fut autorisé; il limita
aussi le nombre des imprimeurs. En Bretagne, neuf villes: Rennes,
Nantes, Saint-Malo, Vannes, Brest, Dinan, Dol, Quimper et Saint-Brieuc
purent posséder des imprimeries.
Cette première et importante enquête devait être
suivie d'un certain nombre d'autres en 1739, 1743, 1746, 1751,
etc Les subdélégués reçoivent mission
de renseigner exactement l'intendant sur les lectures du public
et la vente des ouvrages.
Sous l'intendance de Le Bret, on s'efforça d'éliminer
les subdélégués les moins sûrs, surtout
ceux qui se pliaient mal aux directives de l'intendance et conservaient
une liberté d'allure excessive. Dans une lettre adressée
à l'intendant en 1753, le directeur du vingtième
Laurent, après avoir loué le zèle des subdélégués,
écrivait: «Mais il en reste une partie qui, par leur
inaction, leur mauvais exemple, ou une mauvaise volonté
dont ils croient se faire un certain mérite auprès
de leurs concitoyens, deviennent les gens les plus dangereux et
les plus capables de traverser vos vues par l'inexécution
littérale de vos ordres ou par la manière de les
annoncer».
Sous la même intendance, le service des postes aux chevaux
crée en Bretagne en 1738, fut amélioré entre
1755 et 1759 dans l'organisation de lignes latérales, et
sur notre territoire, des lignes de Dinard à Lorient par
Lamballe, Saint-Brieuc, Loudéac et aussi de Guingamp à
Plestin par Lannion. Les subdélégués de l'intendance
reçurent pour mission, dont ils s'acquittèrent généralement
de façon satisfaisante, de contrôler le fonctionnement
de ces postes et de veiller à ce qu'un nombre suffisant
de postillons et de chevaux fut toujours disponibles.
L'intendant Le Bret ayant affirmé ses idées sur
la nécessité de multiplier les routes, d'accroître
le commerce et les échanges, source de richesse générale
et condition du développement et de la modernisation des
villes et bourgs; il favorisa à Guingamp les réparations
des pavés, l'amélioration des marchés, la
transformation de l'hôtel de ville:
La communauté «d'une voix unanime» arrêta
alors, par délibération du 8 mars 1755, d'apposer
ses armes dans l'hôtel de ville «comme gage public
de reconnaissance». La même année, la communauté
de Tréguier, qui envisageait de meubler à neuf son
collège, fut invitée à «employer toutes
ses ressources à la continuation des quais, cales et ports».
A Lannion, un ingénieur travailla avec soin à améliorer
le port et à accroître la surveillance de la baie
et de la rivière; l'intendant ordonna de multiplier les
fontaines pour parer au manque général d'eau.
En 1761 et 1762, l'activité grandit encore et des travaux
importants furent faits à Dinan, Lannion, Guingamp, Quintin,
Tréguier, en particulier. Les subdélégués,
ayant en charge ces différentes communautés se révélèrent
assez efficaces pour attirer l'attention de l'intendance sur les
problèmes qui se posaient à celles-ci.
Sous cette intendance, nous pouvons citer, Jean Armez subdélégué
de Paimpol dans les années 1769, 1771 qu' Annie-Claude
Ballini a décrit dans son livre sur Nicolas Armez, un de
ses fils dans Un bleu des Côtes-du-Nord. Elle écrit
notamment «Dans ses comptes-rendus, le subdélégué
Armez apparaît comme un fonctionnaire consciencieux, méthodique,
qui connaît parfaitement la réalité juridique
et économique de la région de Paimpol». Ce
subdélégué fera l'objet d'une lettre de cachet
en 1783, à cause de déboires dans sa vie privée,
il finira sa vie au Mont-Saint-Michel en 1786.
Sous l'intendance de Caze de La Bove, de 1774 à 1783, les
subdélégués, et ils étaient
nombreux qui n'étaient pas particulièrement
ouverts aux idées nouvelles ni enclins à faire passer
avant tout l'intérêt de l'Etat, se trouvaient néanmoins
entraînés insensiblement à modifier leur point
de vue et à devenir des agents actifs de transformation
des murs et de l'esprit public.
Au moment où les communications devenaient plus faciles,
il apparaissait utile aux intendants de posséder moins
de subdélégués mais de trouver en eux des
collaborateurs absolument sûrs et dévoués;
de là, des projets de réforme de l'administration
dont un des plus intéressants fut celui que Caze de La
Bove exposa au contrôleur général dans un
mémoire de 1775.
Ce mémoire, qui fait état de 65 subdélégués
dans la province de Bretagne, propose de réduire les subdélégués
à un petit nombre, de fixer des arrondissements qui ne
soient pas trop éloignés de leur résidence,
de renforcer la confiance et l'autorité de ceux-ci et enfin
de fixer les subdélégués, «par les
distinctions, les prérogatives et émoluments qu'on
y attachera».
Pour réduire à vingt le nombre des subdélégués,
il propose de créer pour ceux-ci vingt correspondants qui
interviendraient dans trois ou quatre paroisses et pourraient
tenir leur subdélégué au courant de l'agriculture,
du commerce, de l'état ou du prix des grains, du passage
des troupes, des maladies générales, des crimes,
mais sous la surveillance très stricte du subdélégué,
qui seul devrait rendre compte à l'intendance.
Nous avons à faire à tout un programme d'administration
exemplaire de la province, sous des vues très actuelles,
car il ne pouvait y avoir cumul de mandat: «Les subdélégués
ne pourront donc plus être Maires des Villes, ni députés
pour elles aux Etats, ni par conséquent députés
des Etats à la Cour ou à la Chambre des Comptes».
Caze de La Bove souhaitait ardemment voir prendre ses propositions
en considération. Mais il n'en fut rien, car son plan aboutissait
à instituer purement et simplement un corps de fonctionnaires
au sens actuel du terme et non un corps d'officiers comme on avait
tenté de le faire en 1704. L'idée était fort
intéressante mais le contrôleur général
ne pouvait la retenir à cause de ses incidences financières.
Faute de pouvoir rétribuer ses agents d'une façon
régulière et équitable, Caze de La Bove ne
disposa pas d'un corps de subdélégués absolument
homogène et dont il eût été possible
d'exiger un travail régulier et impeccable. Ainsi le service
du Roi, à l'échelon local, apparut comme devant
être en fait aux mains des notables et cela contribua à
rendre moins sensible l'autorité de l'intendant.
Lors de l'un de ses nombreux déplacements dans la province,
Monsieur Caze de La Bôve était reçu chez ses
subdélégués, comme le raconte Chassin de
La Villechevalier dans son journal:
«M. Caze de La Bôve, intendant de Bretagne, arriva icy le jour du grand sacre, le jeudy 16 juin 1775. On fit une députation par délibération de la communauté, de huit jeunes gens pour aller à Uzel au devant de luy d'où il arriva à Quintin environ quatre heures et quart de l'après-midi et se rendit chez M. Clévry, son subdélégué où il fut peu de temps. On tira les boëtes à son entrée et à sa sortie qui environ les sept heures du soir qu'il partit pour Saint-Brieuc. Quand il entra à Quintin, la communauté alla à Carrebousse le recevoir et haranguer avec environ 80 hommes de la milice bourgeoise sous les armes et la maréchaussée qui alla aussi à Uzel. On lui présenta chez M. Clévry le vin de ville dans une corbeille qui estoit de 12 bouteilles de vin présenté par la communauté, que ses gens vendirent 12 sols. la bouteille comprise».
Pendant l'intendance de Caze de La Bove, il fallut intervenir
pour pallier à la détresse des classes populaires
dans la lutte contre les fléaux sociaux. Les subdélégués
et les recteurs des paroisses diffusèrent avec soin des
instructions concernant les moyens de déceler la syphilis
chez les jeunes enfants et de soigner cette maladie; des instructions
du même genre furent envoyées concernant les individus
atteint de ténia et de la rage. A partir de 1779, un médecin,
au moins fut officiellement chargé de veiller à
l'état sanitaire de chaque subdélégation.
En cas d'épidémie, si l'intendance envoyait des
médicaments, le médecin les prescrivait, mais seul,
le subdélégué, aidé des recteurs,
distribuait les remèdes. Les subdélégués
eurent désormais, en cas d'épidémie, charge
de dresser un état de renseignements très précis
dont le modèle leur avait été fourni, et
de le transmettre au commissaire départi.
Les intendants nomment des subdélégués sur
la base de recommandations faites par des gens du terroir, ainsi
nous avons retrouvé aux Archives d'Ille-et-Vilaine, une
lettre du 2 juin 1782 du subdélégué de Paimpol,
M. de Kersaux remerciant l'intendant Caze de La Bove pour sa nomination:
«Je reçois avec la plus vive reconnaissance la nomination à la subdélégation de Paimpol que vous avez bien voulu m'adresser, je ne négligerai aucune occasion de vous prouver mon zèle pour l'exécution de vos ordres, et me ferai toujours un devoir absolu de soutenir auprès de vous, Monseigneur, le témoignage avantageux de messieurs du Bourblanc et de Tromelin ont eu la bonté de vous donner de ma conduite».
L'intendant entreprit d'intéresser ses subdélégués
aux mouvements de population, il prescrivit de suivre de très
près les variations de la population et d'en dégager
les causes essentielles. Dés lors, et jusqu'à la
Révolution, des rapports furent régulièrement
envoyés à l'intendance dont l'analyse nous permet
de nous faire une idée de l'état sanitaire et de
la condition sociale de la population bretonne.
L'intendant Bertrand de Molleville (1784-1788) se préoccupa,
plus encore que ses prédécesseurs, d'encourager
ses subdélégués, de les défendre et
de leur faire acquérir des «grâces» du
Roi. Ayant perdu tout espoir, au moins pour le moment, de leur
faire accorder un traitement régulier, il s'ingéniait
à les faire récompenser par des «gratifications»
gouvernementales.
Voulant les instruire de leur devoir et établir chez eux
une façon commune de sentir et de servir, il décida
en 1788, de réunir en un opuscule qu'il intitula Instructions
pour MM. les subdélégués de l'intendance
de Bretagne tous les conseils, toutes les informations qu'il
avaient été amené à leur donner depuis
son arrivée dans la province. Dans l'introduction du recueil,
Bertrand de Molleville donnait une «idée générale
des devoirs des subdélégués»:
«Un subdélégué honnête et éclairé qui remplit ses fonctions avec le zèle et l'exactitude qu'elles exigent, peut être regardé à juste titre comme un des hommes les plus utiles à l'Etat et à ses concitoyens; ses droits à la reconnaissance publique sont d'autant plus certains, que l'ambition d'obtenir cette récompense honorable, est nécessairement le seul motif qui peut l'avoir déterminé à embrasser un état aussi pénible et aussi assujettissant».
Un autre recueil, intitulé Recueil de différens
réglemens fut constitué par ordre de Bertrand
de Molleville, et permit aux subdélégués
de l'intendant d'agir d'une manière commune.
A propos d'un arrêt du Conseil pris en 1785, l'intendant
avait attendu les jours fériés de Pâques pour
le faire diffuser, et certains subdélégués
pris d'un zèle intempestif, tel le subdélégué
Bellanger de Lamballe, ayant fait lire au prône cet arrêt,
avait été décrété d'ajournement
personnel. Bertrand de Molleville avait aussitôt sollicité
du Conseil la cassation immédiate du décret de prise
de corps. Faute de cela, écrivait-il au contrôleur
général et au garde des Sceaux, «il ne se
trouverait plus un seul subdélégué en Bretagne».
L'arrêt du Conseil fut envoyé à Rennes, mais
sans lettres patentes, aussi l'intendant n'osa pas le faire signifier
au Parlement. Bellanger auquel la Cour avait renouvelé
son ordre de paraître à sa barre se rendit auprès
d'elle, malgré les instructions contraires de l'intendant.
Ce dernier le révoqua dès lors purement et simplement
pour désobéissance.
Lorsqu'en 1788, pendant le séjour de l'intendant à
Paris, beaucoup de subdélégués correspondaient
avec lui, car attachés eux aussi à la cause royale,
tels Palasne de Champeaux de Saint-Brieuc, Limon de Quintin. Ce
dernier figurera dans la liste des membres de la Commission
de liquidation des anciennes affaires de Bretagne, formée
au début de l'été 1790, car l'intendance
et par suite ses agents venaient d'être supprimés.
Cependant les hommes qui exercèrent dans les subdélégations,
survécurent en général à la disparition
de l'institution et furent intégrés aux administrations
de la monarchie constitutionnelle et de l'Empire.
Ferrand de Villemain, l'intendant, fit dresser en 1713, un
«état d'arrondissement général des
subdélégations de la province de Bretagne»,
cet état porte des indications concernant les chefs-lieux
de subdélégations, les évêchés
auxquels ressortissent ces chefs-lieux, le nombre de paroisses
et la distance de celles-ci aux chefs-lieux. Il ressort de ce
tableau d'ensemble qu'il existait en Bretagne, en 1713, 86 subdélégations,
ramenées à 82 à la fin de cette même
année.
Cela constitue l'originalité de l'intendance de Rennes
par rapport à toutes les autres qui elles possédaient
peu de subdélégations. L'origine en était
d'abord, à n'en pas douter, comme le laissera entendre
plus tard, Bertrand de Molleville, dans ses commentaires sur l'intendance,
dans l'immense étendue de la province, dans la conformation
même des bourgs tous pourvus d'un nombre très important
de «villages» ou hameaux et à la difficulté
des communications. Cela était dû aussi, à
l'enchevêtrement et au nombre des juridictions seigneuriales
qu'il faut connaître et aussi ménager.
Il est non moins intéressant de constater que le nombre
de paroisses constituant le ressort de la subdélégation
est d'autant plus grand que nous nous trouvons dans le «plat
pays» où les difficultés ne sont pas nombreuses,
par exemple pour notre territoire: Dinan, 23 paroisses; Guingamp,
27; Saint-Brieuc, 20; par contre, là où, pour des
raisons diverses des conflits sont à craindre, les limites
de la subdélégation sont étroites: Rostrenen,
pays agité en 1675, constamment surveillé depuis,
situé à un croisement important, 6 paroisses; Uzel,
pays très original où se produisaient parfois des
«mouvements» parmi les tisserands, bourg dominant
la vallée de l'Oust, 3. Le souci de maintenir l'ordre,
de faire sentir effectivement l'autorité du prince a donc
été essentiel.
Sous l'intendance de des Gallois de La Tour, en 1729 il y a toujours
82 subdélégations en Bretagne, qui se répartissent
par évêché pour notre territoire en:
- Evêché de Saint-Brieuc: 9 (St-Brieuc, Lamballe, Moncontour, Paimpol, Jugon, Quintin, Loudéac, Uzel, Matignon)
- Evêché de Tréguier: 7 (moins: Morlaix, Lanmeur)= 5 (Tréguier,Lannion, Guingamp, Pontrieux, Châtelaudren)
- Evêché de Saint-Malo: 2 (Dinan, Broons)
- Evêché de Quimper: 3 (Callac, Corlay, Rostrenen)
On peut donc considérer, qu'il pourrait y avoir eu 19 subdélégations sur notre territoire à cette époque.
Un mémoire de l'intendant de La Tour, pour cette même époque, sur les terres incultes en 1733, fait ressortir ce nombre de 19 subdélégations:
- Evêché de Saint-Brieuc: 9 subdélégations
- Evêché de Tréguier: 5 subdélégations
- Evêché de Saint-Malo: 2 subdélégations (sur le territoire du département actuel)
- Evêché de Quimper: 3 subdélégations (sur le territoire du département actuel)
Entre 1733 et 1753, Védier, le subdélégué général à l'intendance, avait été amené à réduire le nombre des subdélégations de 82 à 62. Il s'efforça surtout d'éliminer les subdélégations des agents les moins sûrs, surtout ceux qui, parmi eux, étaient officiers généraux.
En 1786, d'après les études de Guy Arbellot et Jean-Pierre
Goubert du centre de recherches historique du C.N.R.S., il ne
restait plus que 63 subdélégations en Bretagne dont
12 sur notre territoire (: Saint-Brieuc, Paimpol, Pontrieux, Tréguier,
Lannion, Guingamp, Callac, Corlay, Quintin, Lamballe, Moncontour
et Dinan.Ce nombre a pu être établi à partir
d'une enquête sur les sages-femmes et par les relevés
des baptêmes, mariages et sépultures par subdélégations
en 1786, sous l'intendance de Bertrand de Molleville. A noter
que Jugon et Matignon ont été réunis à
la subdélégation de Lamballe. Uzel a certainement
été réuni très tôt à
Quintin, Châtelaudren réuni à Guingamp, Loudéac
dont nous reparlerons réuni à Pontivy puis à
Josselin, Broons réuni à Mautauban et Rostrenen
réuni à Callac et à Corlay.
A partir de cette cartographie, on peut étudier le nombre
de paroisses contenues dans chaque subdélégation
avec la répartition de celles-ci par évêché.
Evêché de Saint-Brieuc:
- Saint-Brieuc 27 paroisses
- Lamballe 56 paroisses, 9 trèves
- Moncontour 17 paroisses, 2 trèves
- Paimpol 12 paroisses, 4 trèves
- Josselin (Loudéac) 8 paroisses, 4 trèves
- Tréguier 15 paroisses, 2 trèves
- Pontrieux 13 paroisses, 5 trèves
- Lannion 31 paroisses, 6 trèves
- Guingamp 32 paroisses, 16 trèves
Evêché de Haute Cornouaille (Quimper):
- Callac 7 paroisses, 11 trèves
- Corlay 12 paroisses, 6 trèves
- Carhaix (Rostrenen) 5 paroisses, 4 trèves
Evêché de Saint-Malo:
- Dinan 41 paroisses
- Montauban (Broons) 17 paroisses, 2 trèves
Evêchés de Saint-Brieuc et Quimper:
- Quintin: - 16 paroisses: 6 de Quimper, 10 de Saint-Brieuc
- 10 trèves: 7 de Quimper, 3 de Saint-Brieuc
La subdélégation de Quintin présente des
paroisses de deux évêchés, malgré le
souci constant des intendants de délimiter les subdélégations
par évêchés. Ce phénomène est
sans doute du au fait que le fief ou la châtellenie de Quintin
a toujours été à cheval sur les deux évêchés
et que lors de la création de la subdélégation,
l'intendant n'a pas voulu mécontenter le sire de Quintin
qui était le Comte de Durfort, devenu Duc de Quintin en
1691, puis Duc de Lorge en 1706.
Au sujet de la subdélégation de Loudéac,
il y a une mise au pont à faire, car si nous ouvrons les
«Annales Briochines» de l'Abbé Ruffelet,
nous trouvons pour 1771, une subdélégation de Loudéac,
or à la mort du subdélégué de
Loudéac en 1756, l'intendant Le Bret réunit la subdélégation
de Loudéac à celle de Pontivy, celle-ci fut réunie
par la suite à Josselin. Dans les courriers adressés
à l'Abbé Ruffelet par un de ses informateurs, celui-ci
lui écrit: «il y a quelques années, depuis
laquelle tous les subdélégués de Josselin
ont exercé la subdélégation de Loudéac;».
La subdélégation de Loudéac n'existait plus
depuis 1756, mais par dépit elle restait vivante pour ceux
qui avaient regretté sa réunion à Pontivy
puis à Josselin et surtout pour le fils cadet du dernier
subdélégué, Gabriel-Hypolyte Allanic de Bellecherre
qui souhaitait récupérer la subdélégation
de son père et qui dans un mémoire adressé
à l'intendant Caze de La Bove: lui faisait valoir la prospérité
de Loudéac, grand marché de toiles où un
mouvement d'argent dépassant 100.000 livres se faisait
chaque jour de marché. La Bove ne céda pas aux sollicitations
d'Allanic de Bellecherre, qui était déjà
sénéchal de Rohan pour Loudéac, parce que
précisément, il ne voyait aucun intérêt
à ce que l'autorité royale se mélangea à
l'autorité seigneuriale.
On a pu constater comment sous l'intendance de Bretagne et particulièrement après la création et la mise en place des subdélégués, on assiste pendant tout le XVIIIe siècle a un essai de mise en place d'une administration provinciale, qui tentait de remplacer progressivement un vieux système féodal et seigneurial qui n'en pouvait plus et dont les seigneurs vivaient de moins en moins sur place, puisqu'ils étaient attirés pour les plus grands vers les villes importantes et aussi à Versailles.
Mais pour créer un corps de fonctionnaires dévoués
et aptes à gérer une circonscription qui leur est
impartie, il eut fallu pouvoir leur assurer un traitement décent,
qui leur permette de vivre sans être obligé d'exercer
par ailleurs un office. L'intendant Caze de La Bove ne proposait-il
pas dans un mémoire en 1775, un traitement minimum annuel
de 2.2000 livres pour les subdélégués. L'idée
était fort intéressante, mais le contrôleur
général ne pouvait la retenir à cause de
ses incidences financières.
On serait arrivé avec l'intendant, ou «Préfet
de région» et 20 subdélégués
ou Sous-préfets» répartis sur l'ensemble de
la Bretagne a un système administratif que l'ont ne connaît
pas encore, malgré les multiples réformes que nous
avons connues depuis la Révolution. En effet si l'on en
reste à ce que nos manuels d'Histoire de France issus de
la vision de Jules Ferry, ont essayé de nous inculquer,
il n'y a eu aucune réforme administrative en France avant
la Révolution. Celle-ci a presque tout inventé et
essayé de mettre en place: les Départements, les
Cantons, puis les Arrondissements. Or il suffit de lire le «Mémoire
concernant les subdélégués de l'intendance
de Bretagne» de 1775 pour se rendre compte que tous
ces mots sont déjà employés et que l'administration
au sens actuel du terme pourrait encore y puiser des idées
de simplification de l'administration territoriale.
J'espère avoir répondu, avec cette étude,
au voeu de Monsieur René Durand, qui écrivait en
1927 dans «Le département des Côtes-du-Nord
sous le Consulat et l'Empire» tome 1 dans une note en
bas de page, à propos des subdélégués
et subdélégations «L'institution est d'ailleurs
fort mal connue et nécessiterait une monographie».
Michel Chevalier
Bibliographie:
Liste des subdélégués connus pour le département actuel des Côtes d'Armor